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Baisse du nombre de parlementaires : les députés moins enthousiastes que les Français

Par Benjamin Jeanjean

Alors que les grandes lignes de la réforme constitutionnelle viennent d’être dévoilées par le Premier ministre Édouard Philippe, la baisse du nombre de parlementaires et l’instauration d’une dose de proportionnelle ne fait pas que des heureux à l’Assemblée nationale...

Assemblée nationale - (@CHRISTOPHE ARCHAMBAULT- AFP)

Non-cumul des mandats, suppression de la Cour de justice, référence à la Corse dans la Constitution, réforme du Conseil supérieur de la magistrature... Autant de dispositions qui devraient figurer dans la prochaine révision de la Constitution, dont le Premier ministre Édouard Philippe a révélé les grandes lignes ce mercredi. Mais la mesure qui fait le plus parler aujourd’hui est sans doute la diminution du nombre de parlementaires (404 députés contre 577 aujourd’hui, 244 sénateurs contre 348 aujourd’hui) à partir de 2022.

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Annick se dit ravie de cette mesure. "Tout à fait ! Parce qu’ils nous coûtent cher !", se réjouit-elle au micro de Sud Radio. Cette diminution de 30% du nombre de députés et sénateurs est également soutenue par Fabienne (87 ans), qui irait même encore plus loin. "La moitié, je pense que ce serait pas mal ! Je trouve qu’il y en a trop, au Sénat, dans tous ces endroits… Qu’est-ce qu’ils font, tous ? On ne sait pas...", s’interroge-t-elle. Habitant l’Aveyron, Jean est lui aussi satisfait. "Quand on prend le département de l’Aveyron, où il y a 300 000 personnes maximum, il y a trois députés ! On pourrait réduire ce nombre, au moins d’un député", reconnaît-il.

Du côté des députés, le son de cloche est légèrement différent. Député PS de la Sarthe, Stéphane Le Foll assure qu’il ne votera pas une loi qui affaiblit le Parlement. "Les gens se disent qu’il y a trop de députés. On était 577 quand il y avait 54 millions de Français, on va être 400 quand il y en aura 66 ou 67 millions. Il n’y a pas un seul pays démocratique où l’on réduit le nombre de députés quand la population augmente ! Les Français ont toujours des contradictions : ils sont à la fois sur l’idée qu’il y a trop de députés – je l’entends et j’ai parfaitement conscience de ça –, et quand on leur dit que lorsqu’il y en aura moins, sur des circonscriptions à 200 ou 220 000 électeurs, ils ne les verront plus, ils répondent que les parlementaires et les hommes politiques sont coupés de la réalité ! Il faudrait savoir ce qu’on veut…", note-t-il.

Sébastien Chenu (FN) : "Qu’est-ce que c'est que ce bricolage ?"

Autre mesure phare de cette réforme institutionnelle : l’instauration d’une dose de proportionnelle aux prochaines élections législatives, où 15% des députés seraient élus via ce dispositif si cette loi était adoptée. Pour Jean-Louis Bourlanges, député (MoDem) des Hauts-de-Seine, ce chiffre n’est pas assez élevé. "On voit bien que la tentation actuelle du gouvernement est plutôt de maintenir une très forte dose de majoritaire, avec une petite dose de proportionnelle. Nous sommes pour quelque chose de plus égal, plus équilibré, 50-50 par exemple. Dans tous les cas, le chiffre de 15% de proportionnelle ne nous semble pas de nature à modifier véritablement les équilibres du système", remarque-t-il.

Le ton est encore plus acerbe du côté de Sébastien Chenu, député (FN) du Nord. "Il ne s’agit pas simplement de négocier comme des marchands de tapis des petites miettes de proportionnelle ! La proportionnelle, c’est un rapport qu’on se fait à la démocratie, à la représentation des Français dans leur entièreté. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, nous représentons des millions d’électeurs et nous ne sommes que sept députés ! On ne va pas se contenter de miettes ! Qu’est-ce que c’est que ce bricolage avec un bout de proportionnelle, des circonscriptions immenses, des députés pas élus de la même façon… ? C’est encore le schéma Macron : un truc complètement dans le brouillard, pas du tout réfléchi, sans aucune vision. Un bricolage de plus !", s’insurge-t-il.

Propos recueillis par Mathilde Choin

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