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Macron, sauveur de la planète ?

Emmanuel Macron a eu des mots forts hier au sommet sur le climat. Le président a pris la tête de la lutte contre le réchauffement climatique, peut-on s’en réjouir ?

"On est en train de perdre la bataille. Nos prédécesseurs pouvaient dire qu’ils ne savaient pas." "La maison brûle et nous regardons ailleurs." Ce genre de grande phrase faite pour les estrades et les tribunes est éminemment sympathique, mais elle ne coûte rien. Bien sûr, on peut se réjouir qu’Emmanuel Macron ait découvert les enjeux écologiques. Quand il était ministre de l’Economie, c’était il n’y a pas si longtemps, il a signé toutes les autorisations d’extraction minière et de recherche d’hydrocarbures. Et si sa vocation écologique lui est venue parce qu’il avait l’occasion de briller aux yeux du monde et de conquérir un leadership, on peut se dire que c’est mieux que rien mais ce n’est tout de même pas grand chose. Et puis surtout, de quoi parlait-on à ce sommet ? De la finance verte. Croyez-vous vraiment qu’on va sauver la planète avec la finance verte ?

Bien sûr, certains diront que c’est mieux que rien car ça permet de financer des projets écologiques. Le marché mondial des obligations, c’est 100 000 milliards de dollars. 0,1% est orienté vers ce qu’on appelle la finance verte, c’est-à-dire vers des projets supposés écologiques. En fait 25% seulement de ces projets sont réellement certifiés écologiques. Le reste, ce sont les entreprises qui décrètent que cela relève de la protection de l’environnement. Sans aucune vérification. Un barrage au milieu de la forêt amazonienne, qui grignote les derniers territoires de tribus primitives et qui déséquilibre les écosystèmes ? C’est du renouvelable, donc c’est vert. Et puis, là encore, la France n’est pas désintéressée dans cette histoire de finance verte.

Paris veut en effet récupérer le statut de la City. Il faut donc se poser en place mondiale de la finance. Mais comme on n’attire pas des mouches avec du vinaigre, on renonce l’air de rien à la taxe européenne sur les transactions financières. Or la seule façon de sauver le climat, c’est de limiter la frénésie du court termisme et l’appétit du gain. Tant que des investisseurs privés chercheront le profit rapide, il n’y aura aucune finance verte. C’est au politique de remettre du long terme, de lancer des projets de grande ampleur, de planifier. La défense du climat, c’est incompatible avec la dérégulation financière et le libre échange, qui incitent à amplifier la circulation de marchandise à bas coût. Emmanuel Macron ne peut pas l’ignorer. Mais l’affiche est belle, et il considère visiblement que c’est suffisant.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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