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Le vote européen sur le glyphosate, quand l’Allemagne dérape

Au conseil européen, l’Allemagne a voté en faveur de la position de la Commission, pour le renouvellement de cinq ans de l’autorisation du glyphosate.

 

Sans l’Allemagne, la majorité qualifiée n’aurait pas été atteinte.

On a cru d’abord qu’un intense lobbying des milieux agricoles et du groupe Monsanto, maintenant associé à l’Allemand Bayer, avait infléchi la position allemande.

En fait, il n’en était rien. Nous savons maintenant que le ministre allemand de l’agriculture a pris de son propre chef une position au conseil européen qui n’était pas celle de son gouvernement ni de sa chancelière.

Un ministre qui mène sa propre politique, contre son propre gouvernement, dans une instance européenne, ça ne s’était jamais vu, même dans les pays où la cacophonie gouvernementale est habituelle.

Et le ministre n’est pas mis à la porte !

C’est parce qu’il n’est pas membre de la CDU, le parti de Mme Merkel, mais de son allié traditionnel, la CSU, qui est à la Bavière, mais en plus conservateur, ce que la CDU est au reste de l’Allemagne.

La CSU, traversée par des tensions internes, est un peu en froid avec son alliée, Mme Merkel, à cause de sa politique vis-à-vis des réfugiés.

La Chancelière, qui cherche désespérément une nouvelle coalition pour éviter de nouvelles élections dont tout le monde craint qu’elles ne fassent monter un peu plus l’extrême-droite, ne peut pas se payer le luxe de se fâcher avec son partenaire traditionnel.

Mais cet épisode entame sérieusement son autorité.

On croyait qu’après l’échec de la tentative d’un gouvernement conservateur, libéral et vert, le retour des sociaux-démocrates dans la négociation allait renouer le fil rassurant de la coalition à laquelle l’Allemagne et ses partenaires européens se sont depuis longtemps habitués et avec laquelle Mme Merkel a déjà gouverné 8 ans, de 2005 à 2009 et de 2013 à 2017.

Avec cet épisode, on voit bien que, tout d’un coup, le système allemand bien rôdé des alliances et des coalitions déraille.

Le grand écart est en vue entre, d’un côté, les sociaux-démocrates qui sont eux-mêmes divisés sur l’opportunité de revenir au gouvernement, parce que la grande coalition leur a fait perdre énormément de voix à cause des concessions qu’ils ont dû consentir et de l’autre la CSU, qui est aussi traversée par ses contradictions internes et qui doit satisfaire ses troupes et ses électeurs.

Au milieu, Mme Merkel va devoir chercher une position d’équilibre extrêmement difficile à trouver.

Or, ce déraillement survient au moment même où, à part la France, qui bénéficie encore de la solidité des institutions de la Ve République, toute l’Europe est en désordre.

Coalition droite – extrême-droite en Croatie, coalition improbable après sept mois de négociations aux Pays-Bas, l’Espagne qui est sens dessus-dessous avec la Catalogne, l’Italie toujours incertaine, la Grèce qui ne se remet pas vraiment… Comment l’Europe va-t-elle se gouverner ? Comment pourrait-elle se réformer ?

L’invraisemblable épisode allemand est, du coup, tout sauf anecdotique.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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