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Le témoignage accablant de l’ancien directeur du FBI contre Donald Trump 

Par Benjamin Rieth avec AFP

James Comey, l’ex-directeur du FBI, a été auditionné jeudi par le Sénat aux États-Unis. Il a notamment déclaré avoir "interprété comme une instruction" les propos du président.

Donald Trump mis en difficulté par les propos de James Comey, l'ancien patron du FBI

Son témoignage était très attendu. James Comey, l’ancien patron du FBI, a accablé jeudi Donald Trump devant le Sénat américain, dans une salle comble. Interrogé par une quinzaine de sénateurs qui cherchent à déterminer si les multiples requêtes présidentielles, formulées en tête à tête dans l'intimité du Bureau ovale ou de la Maison Blanche, représentent une interférence politique et une entrave à la justice, l’ancien premier flic des États-Unis a répondu en détails d’une voix posée. 

James Comey confirme que Donald Trump lui a demandé sa "loyauté"

James Comey a ainsi estimé que ce n’était pas à lui de qualifier juridiquement les requêtes du président, tout en admettant que Donald Trump ou son organisation ne lui avait pas demandé explicitement "d'arrêter" l'enquête menée par le FBI sur les ingérences russes. Néanmoins, quelques minutes plus tard, il a confié son malaise quant aux propos du chef d’État américain. L’ancien patron du FBI a  alors confirmé que Donald Trump lui avait demandé sa "loyauté", alors même qu'il supervisait l'enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pendant la campagne présidentielle de 2016. "Mon bon sens me disait qu'il voulait quelque chose en échange de m'accorder ma demande de rester à mon poste", a-t-il dit, alors que son mandat courait jusqu'en 2023.

"Je l'ai interprété comme une instruction"

James Comey est aussi revenu sur les propos du président demandant d’abandonner l’enquête sur son conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn. Ce dernier est visé par une enquête du FBI pour n’avoir pas révélé toutes ses discussions avec l’ambassadeur russe à Washington. "J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien", aurait ainsi plaidé Donald Trump le 14 février. Cette phrase à elle seule contredit le milliardaire, qui avait nié il y a trois semaines avoir formulé une telle demande. Certes, "espérer" n'est pas un crime, a convenu James Comey, interrogé par un sénateur républicain. Mais "je l'ai interprété comme une instruction", a-t-il dit, refusant de jouer sur les mots. "Il est le président des États-Unis, seul avec moi, il dit qu'il espère ceci, je l'ai interprété comme une demande de sa part". "J'étais tellement stupéfait par la conversation que j'en suis resté bouche bée", a-t-il dit aux élus, se disant aussi "choqué et dérangé".

L'ex-patron du FBI à l'origine des fuites sur l'enquête russe

Désormais, James Comey voudrait que le président publie les enregistrements des discussions qu’ils ont eu en tête-à-tête. Dans un tweet, Donald Trump avait sous-entendu qu'il détenait des enregistrements de ces discussions susceptibles de contredire les notes prises par l’ex-premier flic des États-Unis à l’issue de ces entretiens. "J'ai choisi mes mots avec soin. J'ai vu le tweet sur les enregistrements. J'espère bien qu'il y a des enregistrements", a commenté James Comey. L'existence de ces notes, et leur contenu, avaient filtré dans la presse depuis plusieurs semaines. L'ancien patron du FBI a révélé durant l'audition qu'il avait en fait demandé à l'un de ses amis proches, un professeur de droit à l'Université Columbia non nommé, de les transmettre à des journalistes afin de précipiter la nomination d'un procureur spécial - décision à laquelle le département de la Justice a été acculé le 17 mai. Ce procureur spécial, Robert Mueller, est désormais en possession de ces notes, selon lui.

Répondant sans temps morts et avec une apparente candeur, parfois avec humour, aux questions précises des sénateurs, il a jugé que les actions du dirigeant américain étaient "très dérangeantes", ne mâchant pas ses mots contre lui. L’ex directeur du FBI a aussi dénoncé les explications changeantes du locataire de la Maison Blanche sur les motifs de son licenciement, et accusé l'administration de l'avoir "diffamé", défendant l'honneur du FBI, qu'il dirigeait depuis 2013. "Ce sont des mensonges purs et simples", a-t-il dit des propos tenus à l'époque, par l'administration et le président lui-même, sur le mauvais état supposé de la police fédérale à son départ.

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