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Le discours d'Emmanuel Macron devant l'Onu est "à côté de la plaque"

Henri Guaino revient aujourd'hui sur les discours d'Emmanuel Macron et Donald Trump devant l'Assemblée générale de l'Onu.

Affirmer que les discours de Macron et Trump à l'Onu représentaient un vrai bras de fer est faux, tout ça est excessif. On voit bien que face à un Donald Trump fantasque et provocateur - mais qui est tout de même le président de la première puissance politique, économique et militaire mondiale - le président de la République ne faisait pas le poids.

La France a tenté le bras de fer une fois durant les dernières décennies, c'était lors de la seconde guerre d'Irak en 2003, où la France, sous la conduite de Jacques Chirac, a tenté de constituer une coalition contre les Américains qui voulaient absolument intervenir en Irak. Ces derniers y sont d'ailleurs allés sans l'aval de l'Onu. C'était un bras de fer parce qu'il y avait, derrière, la volonté de constituer une coalition et de rassembler un certain nombre d'alliés, il y avait une stratégie. Là, avec Macron, il n'y en a pas du tout, on a certes fait la leçon aux Américains et au monde mais c'était une position de principe.

Le retour de l'Amérique va-t-en-guerre

Le discours de Trump, c'était le retour de l'Amérique impériale et même impérieuse. Le retour de l'Amérique va-t-en-guerre ! C'est asse curieux d'ailleurs pour un président qui dit "l'Amérique d'abord" et qui prône l'interventionnisme à tout va. On est en pleine contradiction entre "America first" et la volonté d'être le gendarme du monde. Ce qui est inquiétant dans le discours de Donald Trump, c'est que l'on se sent entraînés sur la pente fatale du militarisme pour imposer un modèle et un ordre au monde entier. Les dernières années auraient dû nous servir de leçons. On se souvient des conséquences de la guerre en Irak, on a le chaos au Moyen Orient, on se souvient des pressions américaine pour faire tomber Moubarak en Égypte... On a maintenant une expérience très riche des conséquences des interventions militaires à tout va. D'une certaine manière, l'élection de Trump a été quelque chose de sain dans la politique américaine et même mondiale parce que c'était l'expression de la colère d'un peuple et en particulier de l'Amérique profonde. Mais Trump est devenu assez inquiétant, à mes yeux, le jour où il a décidé de bombarder la Syrie. Un bombardement, ce n'est pas anodin, c'est un acte de guerre.

Le discours de Macron est raté

On peut évidemment considérer que Macron a le beau rôle par rapport à cette force aveugle et inconséquente qu'incarne Donald Trump. Le président français a en effet l'air d'opposer le droit à la force. Mais en réalité, son discours était totalement hors-sol, c'était un catalogue des positions françaises et il n'y a pas eu de propositions pour essayer d'améliorer l'ordre et l'état du monde. On aurait pu s'attendre à une vision française forte... On dit que le discours a fait l'objet de 57 versions, on se demande bien ce que les diplomates ont pu faire pour en arriver à un texte pareil.

En conclusion, ce discours est raté. C'est un discours sur le droit international et ses vertus, ainsi que sur le multilatéralisme. Or, il n'y a jamais eu autant de droit international que ces dernières années pour autant de désordre dans le monde. Tout a échoué, il y a même eu des effets pervers. On a eu le devoir d'ingérence, le devoir de protection, la CPI, tout ça a raté.... Donc c'est un discours, à mon sens, à côté de la plaque avec toujours la même rhétorique sur un monde sans nations, sans frontières et une France qui doit se diluer dans une alliance avec l'Allemagne, puis dans une Europe élargie et qui sera plus puissante et plus influente, soit disant, en se diluant. C'est une rhétorique absolument intenable parce qu'à ce compte là, le président Macron devrait proposer que la France cède son siège au Conseil de sécurité au profit de l'UE. C'est évidemment absurde, ce n'est pas en disparaissant de la scène internationale que la France y sera plus influente.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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