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La Syrie, reflet de l’aveuglement français et du jupitérisme de Macron

Un rapport confidentiel sur la situation en Syrie et ses perspectives d’avenir met en lumière les erreurs françaises depuis 2011 sur cette question. Erreurs qu’un Emmanuel Macron plus Jupiter que jamais veut éviter. Mais y arrivera-t-il ?

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C’est un rapport sur la guerre en Syrie, il y a "Confidentiel" marqué dessus, ce qui fait toujours saliver les journalistes. Ce n’est pas un rapport de journaliste car l’analyse est subtile, informée, sans œillères, froide comme la morgue, sur ce qu’il s’est passé là-bas et ce qu’il va s’y passer.

Le scénario le plus probable, c’est la guerre sans fin, la partition de la Syrie en zones d’influence, et derrière ce paravent : la guerre de tous contre tous. Et c’est une bonne nouvelle pour les terroristes de tout poil.

L’auteur de l’autopsie s’appelle Michel Duclos. Il a vécu à Damas et a été ambassadeur de France là-bas, aux premières loges pour observer la cruauté du tyran, la sauvagerie du régime qui a toujours vécu dos au mur, la corruption alentour mais aussi la peur, car les Syriens baignent dans la peur depuis des générations. Et ils ont bien raison d’avoir peur. Les Européens aussi, par ailleurs.

Depuis 2011, ils n’ont rien compris au film. D’abord, ils n’ont rien compris à Bachar. Sarkozy et Chirac l’ont cajolé en le prenant pour un Arabe occidentalisé parce qu’il avait vécu quelques mois à Londres, ils ont été déçus. Ensuite, les Français ont pensé qu’il sauterait comme Moubarak et Ben Ali : bon débarras ! Quand ils ont compris que Bachar jouait la politique du pire, ils ont geint qu’il ne méritait pas d’être sur Terre, ils ont prié secrètement pour qu’il se fasse assassiner par l’un de ses cousins ou l’un de ses mentors iraniens ou russes.

Eh bien six ans après, Bachar trône au milieu du bain de sang. Ce sont Kouchner et Sarkozy, Fabius et Hollande, Clinton et Obama qui ont disparu de la scène. Six ans après, l’Amérique reste hésitante, la France est hors-jeu, l’Iran et la Russie tiennent le terrain, et les vedettes du sérail sont les dizaines de milliers de jihadistes entre Raqqa et Mossoul qui font des émules, des Champs-Élysées à la Promenade des Anglais.

On pourrait multiplier les exemples de l’aveuglement français. Ce n’est pas une question de lâcheté, c’est juste que la diplomatie et la guerre exigent la durée et le secret, alors que les politiques font de la com’ qui ne dure qu’un instant, comme l’émotion des téléspectateurs. 

Macron lance son nouveau Centre national du contre-terrorisme

Ce matin, l’ancien préfet Erard Corbin de Mangoux prend ses fonctions à l’Élysée. Il a déjà travaillé au Palais comme conseiller de Nicolas Sarkozy avant que celui-ci ne le nomme à la tête des espions (il dirigeait la DGSE quand celle-ci a mis un contrat sur la tête de Khadafi). Il revient ce matin comme patron du tout nouveau Centre national du contre-terrorisme. Il aura une quarantaine de personnes sous ses ordres directs. C’est beaucoup… ou pas assez. Le nouveau machin excite l’appétit et la curiosité de tous ceux qui s’intéressent aux affaires étranges et étrangères. On ne comprend pas très bien si ce centre est un outil de pilotage stratégique ou s’il aura une implication opérationnelle. Est-ce que la présidence va organiser – et donc assumer – la traque des tueurs de Daesh.

Le préfet aura tous les services antiterroristes, à l’intérieur comme à l’étranger, en-dessous de lui. Un seul homme au-dessus de lui : son président Emmanuel Macron, plus Jupiter que jamais. Mettre des bottes est le moyen le plus rapide pour tutoyer l’Histoire. Sarkozy et Hollande ont succombé à la tentation. On verra très vite si Emmanuel Macron y résiste. La guerre va continuer en Orient, et continuera à susciter ici des vocations de terroristes.

Réécoutez ici l'édito politique de Vincent Hervouët dans le Grand Matin Sud Radio

 

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