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La décision de Trump sur Jérusalem est une faute politique et une faute morale

Dans sa chronique du jour, Henri Guaino évoque la décision prise par Donald Trump au sujet de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale officielle d'Israël. "Une faute politique et une faute morale", selon lui.

Jour de prière à Jérusalem...

La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël - ce qu'aucun président des États-Unis, malgré une loi votée en 1995 par les Républicains, n'avaient depuis osé mettre en œuvre - est une faute politique et une faute morale. Pour tout dire, elle est irresponsable, quel que soit le parti pris que l'on adopte dans le tragique conflit israélo-palestinien. Elle ne sert aucune cause, elle les dessert toutes. Politiquement, elle met en difficulté les alliés les plus sûrs de l'Amérique au Moyen-Orient, les pays du Golfe, l'Égypte et fait obstacle au rapprochement esquissé entre Israël et l'Arabie saoudite. Elle accroît le ressentiment de la rue arabe mais aussi de tout le monde musulman vis-à-vis des États-Unis. Elle y renforce l'influence des fondamentalistes, des extrémistes qui jouent les guerres de religion et de civilisation contre l'Occident. Elle renforce l'antisémitisme contre Israël et tous les juifs dans le monde musulman. C'est une faute politique encore parce qu'elle fissure le camp occidental, parce qu'elle mine la confiance des Occidentaux dans une Amérique qui décide seule, unilatéralement, sans se soucier de l'avis d'aucun de ses amis d'engager le destin du monde.

C'est une faute politique parce qu'aussi puissante soit-elle, économiquement et militairement, l'Amérique n'est pas seule au monde car elle est condamnée à vivre avec le reste du monde. La vraie puissance est responsable, c'est-à-dire qu'elle veut vraiment les conséquences de ce qu'elle décide. Irresponsable, la puissance devient folle, elle n'a plus de repère, plus de limite et se retournent contre elle-même. On finit parfois par se demander si Donald Trump a bien compris que la politique mondiale, qui joue avec l'humanité et la vie des gens, n'était pas une émission de téléréalité. Peut-être parce qu'il doit sa notoriété et, sans doute, sa victoire à la primaire républicaine à une émission de téléréalité dans laquelle il jouait son propre rôle et qu'inconsciemment, il le joue encore. Sauf que les conséquences ne sont plus du tout les mêmes...

Quoi qu'il en soit, cette faute est aussi morale. Elle l'est doublement parce qu'elle met en péril le faible espoir qu'un jour le peuple israélien et le peuple palestinien feront la paix. Ensuite parce qu'à cause d'elle, un peu plus de mères des deux côtés vont pleurer la mort de leurs enfants et pour rien... car elle ne sert aucun idéal, elle n'apporte aucune solution. Sacrifice inutile, juste une provocation, une bravade, peut-être un caprice d'un puissant qui hurle "Je fais ce que je veux, je fais ce que je dis !". Des souffrances, des morts comme s'il n'y en avait pas assez, juste pour une provocation, un caprice de politicien... Quelle pitié !

C'est que Jérusalem est un symbole immense, une ville sacrée pour 4 milliards d'hommes dans le monde. Depuis 2 000 ans, tant de sang versé sur cette terre sainte, tant de persécutés, tant de sacrifiés pour avoir le droit d'y prier. Elles sera à tous ou elle ne sera à personne. Si près de Dieu, il faut être humble, on ne joue pas impunément avec le sacré. Mais le propre du politicien, c'est que pour lui rien n'est sacré, c'est pour ça qu'il est dangereux !

Jour de prière à Jérusalem...

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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