Aujourd'hui, la communauté internationale se mobilise et la France s'implique en première ligne : le président Macron invite Saad Hariri et sa famille en France. C'est officiel mais c'est la suite d'échanges de messages discrets avec Hariri cette semaine par un canal officieux. Le président français s'est engagé à aider personnellement le Premier ministre libanais. En faisant cette invitation, on pourrait croire qu'il met les Saoudiens au pied du mur pour qu'ils prouvent qu'ils laissent Hariri libre de ses mouvements, comme il a été contraint d'affirmer dans les médias officiels… Mais, subtilité de la vie diplomatique, si Macron a pu faire cette invitation, c'est parce que c'est arrangé avec le prince Salmane.
Jean-Yves Le Drian le rencontre d'ailleurs ce soir à Riyad et nous verrons bien quelle suite le prince donnera à ce qui ressemble à un défi du président français. La pression s'accentue sur les Saoudiens et l'image de Mohammed ben Salmane le réformateur est mise à mal avec cette tension.
Quelle sortie de crise possible ? Les partenaires occidentaux font pression sur Riyad en faisant valoir que cette crise aboutit à l'effet inverse de celui recherché (l'imiter l'influence du Hezbollah et du Liban). Et puis il y a ceux qui s'inquiètent d'un embrasement de la région. L'ancien président François Hollande, qui se rendra dans les Émirats en décembre en privé craint que la position de Donald Trump n'arrange pas la situation. Car c'est l'irrationnel qui domine dans ce dossier, et selon Hollande, qui se montre très concerné ces jours-ci par la situation au Liban, c'est une marque de notre époque : il faut malheureusement intégrer les comportements non rationnels.
La poudrière du Moyen-Orient en est une indication supplémentaire.