On l'a appris aujourd'hui, deux ressortissants belges, d'origine iranienne, on été arrêtés samedi à Bruxelles (Belgique) alors qu'ils projetaient manifestement de commettre un attentat à la bombe, lors d'un rassemblement de l'opposition iranienne (Organisation des moudjahiddines du peuple iranien) en France. Cette cible potentielle que représentent ces opposants iraniens ne constitue pourtant pas une nouveauté en France, comme nous l'explique Alain Bauer (Professeur de criminologie et spécialiste du terrorisme).
"Il faut toujours être prudent dans l'interprétation des événements"
Invité ce lundi du Grand Journal de 18, l'ancien président de l'Observatoire national de la délinquance nous a ainsi raconté les racines de cette lutte, sur fond de tensions politiques veilles de plus de 30 ans. "Il y a une vieille opposition entre les moudjahidines du peuple et le gouvernement iranien qui n'a d'ailleurs pas manqué de faire éliminer de nombreux opposants, y compris un de ses anciens Premier ministre en France. On ne peut donc pas dire que ce soit une nouveauté. Il y a même eu une vague d'attentat dans les années 80", a-t-il rappelé, précisant tout de même que "depuis l'expulsion d'un membre de l'ambassade d'Iran à Paris, ils (les loyalistes) s'étaient faits plus calmes et plus discrets". "Ce n'est pas nouveau et je dirais même que c'est la marque de fabrique de ce gouvernement iranien comme ça aurait pu être celle d'autres, les Turcs avec leurs opposants kurdes par exemple", a-t-il encore insisté.
Et l'intéressé de rappeler qui sont véritablement ces moudjahidins du peuple. "C'est une force d'opposition historiquement dirigée par les époux Radjavi (Massoud, porté disparu depuis 2003, et sa femme Maryam ndlr), caractérisée par une opposition permanente et lourde au régime de Téhéran, qui les accuse eux-mêmes d'être des terroristes", a-t-il ainsi indiqué. "Le signal (avec cette tentative d'attentat) est peut-être envoyé aux moudjahidins du peuple eux-mêmes, au gouvernement américain, aux occidentaux ou à un autre morceau du gouvernent iranien : l'aile, dite modérée, actuellement au pouvoir et qui se trouve très affaiblie", a-t-il ensuite précisé. "Il faut toujours être très très prudent dans l'interprétation des événements. 10/15 ans après, on découvre que l'on a été enfumés par une opération plus complexe", a-t-il toutefois tempéré.
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