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Repas aux migrants : la justice donne raison aux associations contre Calais

Par Benjamin Jeanjean

Dans leur bras de fer avec la mairie de Calais, les associations d’aide aux migrants ont remporté une nouvelle victoire ce mercredi devant le tribunal administratif.

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C’est un bras de fer qui dure depuis de nombreux mois. Entre la mairie de Calais et les associations d’aide aux migrants, l’ambiance n’est pas au beau fixe, les deux camps affichant des positions difficilement conciliables sur l’attitude à adopter face au défi migratoire que vit la ville depuis des années. Ce jeudi, c’est une nouvelle bataille judiciaire qui a été remportée par les associations puisque le tribunal administratif a annulé les arrêtés pris début mars par la mairie de Calais et visant à interdire les distributions de repas dans certains lieux. Dans son jugement rendu mercredi, le tribunal ordonne ainsi que "l'exécution des arrêtés (...) et décisions (...) interdisant la distribution de repas sur des emplacements situés dans la zone industrielle des Dunes et le Bois Dubrulle est suspendue à compter de la notification de la présente ordonnance". 

Les arrêtés municipaux, vecteurs de traitements inhumains selon le tribunal

Le tribunal considère notamment que "la maire de Calais a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir, à la liberté de réunion" et a fait obstacle "à la satisfaction par les migrants de besoins élémentaires vitaux au droit à ne pas subir des traitements inhumains et dégradants (...)". Toutefois, les magistrats assurent "comprendre le souhait de la commune, soucieuse de préserver ses habitants et leur cadre de vie, isolée et démunie face à cette problématique complexe, de ne pas se retrouver dans la situation éprouvante qu’elle a déjà connue", faisant référence au démantèlement de la "jungle" de Calais et de ses 6000 migrants. Mais les mesures prises par la mairie "ont pour effet de priver une population en très grande précarité d’une assistance alimentaire vitale" et "ne sont ni adaptées, ni nécessaires, ni proportionnées au regard du but réellement poursuivi", souligne le jugement.

Les associations soulagées, la mairie en appelle au gouvernement

Sans surprise, les associations ont rapidement fait part de leur soulagement à la lecture du jugement. "Nous sommes satisfaits que le juge ait fait droit à notre demande de respect de la dignité humaine. Dans notre république, on n'a pas à être exposé à des traitements inhumains et dégradants. Continuer de nier la présence des exilés et faire comme si on pouvait avoir zéro dispositif d'accueil nous parait un déni de réalité", a réagi Vincent De Coninck, chargé de mission au Secours Catholique. De son côté, la maire (LR) de la ville, Natacha Bouchart, a indiqué que ce jugement n’était "pas une victoire pour les associations puisqu'elles n'ont pas obtenu ce qu'elles cherchaient". "Cela ne veut pas dire que la ville sur le fond a été condamnée, ni qu'elle doive prendre des dispositions pour mettre en place, comme le pensaient les associations, un lieu fixe pour leur permettre de se rassembler", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, appelant le gouvernement à "prendre ses responsabilités face à la problématique migratoire". "Je ne suis pas une élue du Front national, mais qui appartient aux Républicains, donc je dois apporter de la fermeté", a-t-elle ajouté, promettant si besoin d'"utiliser tout ce qui est en mon pouvoir que je n'ai pas encore utilisé pour intervenir".

(Avec AFP)

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