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ETA : "Nous demandons la fin de l'exception carcérale des prisonniers basques"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que la dissolution du mouvement indépendantiste ETA a été officialisée cette semaine, les réactions se succèdent suite à cette nouvelle importante pour le Pays basque.

Plusieurs membres basques de l'ETA, en 1982 (©AFP)

C’est par une lettre datée du 16 février dernier mais publiée seulement cette semaine par le journal espagnol El Diario que l’ETA (Euskadi ta Askatasuna) a annoncé "avoir dissous toutes ses structures et mis fin à sa fonction". Après des décennies de lutte armée pour l’indépendance du Pays basque, l’organisation a donc apporté la dernière pierre à un processus déjà bien entamé depuis plusieurs années, après le désarmement et l’acte de contrition publiquement révélé.

Pour Jean-Pierre Massias, professeur de droit public à l'université de Pau, spécialiste de l'ETA et auteur du livre Faire la paix au Pays-Basque, cette dissolution ne met toutefois pas fin à l'idéal indépendantiste, qui reste politiquement très fort dans la région. "Ce qui disparaît, c’est la lutte armée en tant que processus d’expression d’une revendication politique. C’est anachronique, ça a échoué, ça crée des drames, des tensions et des tensions, et c’est un processus qui est condamné. En revanche, l’indépendantisme est plutôt bien placé politiquement, que ce soit au Pays basque ou en Catalogne, et on voit bien qu’il y a une sorte de mutation qui est en train de s’opérer entre le Pays Basque tel qu’on l’a connu auparavant avec une organisation armée, et peut-être ce qui peut se passer en Catalogne avec une revendication démocratique du mouvement indépendantiste", déclare-t-il à Sud Radio.

"L’ETA n’a pas l’apanage ni l’exclusivité des violences au Pays basque"

Porte-parole du mouvement EH-Baï (gauche nationaliste basque), Peio Etcheverry-Ainchart accueille cette nouvelle avec satisfaction, mais se projette déjà vers l’après. "En tant qu’abertzale, on n’a jamais cessé de dire que même si l’on était pour une fin de la lutte armée d’ETA, l’ETA n’avait pas l’apanage ni l’exclusivité des violences au Pays Basque. Aujourd’hui, les violences sont de tous types, quand on a notamment encore autant de gens incarcérés ou quand on a une frustration politique liée au fait que la population ne peut pas voter pour savoir si elle veut être indépendante ou pas. Donc bien sûr qu’on peut se réjouir aujourd’hui, mais il ne faut pas oublier que si l’on ne veut pas que demain porte en germe de nouveau le retour de la violence politique, il faut que les racines politiques qui ont donné lieu à l’émergence de cette violence soient résolues", plaide-t-il.

Enfin, avocat de plusieurs des 50 membres environ de l'ETA incarcérés en France, Maître Jean-François Blanco, espère que cette dissolution et l’attitude de l’ETA dans ce processus assouplisse les conditions de détention de ces prisonniers. "L’Eta a abandonné la revendication d’amnistie et n’a posé aucune revendication au moment de son désarmement et de sa dissolution. Ce que nous demandons, c’est que le droit commun s’applique aux prisonniers basques. Ils sont soumis aujourd’hui à un régime d’exception, avec un éloignement de leurs familles et un refus de l’accès aux permissions de sorties et aux libérations conditionnelles. Notre demande est donc finalement très simple. J’espère que la dissolution va permettre qu’elle soit entendue et qu’il n’y ait plus d’exception carcérale pour les prisonniers basques", affirme-t-il.

Propos recueillis par Christophe Bernard

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