Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.
- Il est 7h41. Pourquoi doit-on faire appel à la population pour ouvrir plus de lits ? C'est ce qui se passe du côté d'un hôpital, celui d'Evreux, qui fait appel donc à la population pour rechercher des fonds.
- L'établissement hospitalier est le troisième à le faire. Il y a eu Saint-Lô dans la Manche, Fréjus, Saint-Raphaël aussi dans le Var.
- « On touche le fond », disent certains avec ça. Nous sommes avec Frédéric Bizarre, qui est économiste de la santé et président de l'Institut Santé.
- Bonjour. Bonjour.
- Donc je le disais, c'est la troisième fois que ça a lieu. Que pensez-vous de cette idée ? Écoutez, elle est sur un plan économique. C'est vraiment un non-sens pour plusieurs raisons.
- La première, c'est que, si vous voulez, financer par la dette l'ouverture de lits... Oui.
- ...est quand même...
- C'est quand même, sur un plan économique, quelque chose de très étonnant. Soit vous avez eu des fermetures de lits ces dernières années, et puis vous avez un excès d'activités que vous avez besoin de réouvrir. Mais vous savez, le coût d'un lit, ça coûte rien.
- Un lit, ce qui coûte très cher, c'est le rendre opérationnel par les coûts de ressources humaines.
- Donc ça, généralement, c'est financé par l'activité. Ou alors on a un vrai souci.
- Bon. Donc il lui était pertinent de demander peut-être ce genre d'emprunt citoyen pour essayer de réveiller la conscience que si jamais on a peur que les gens ne payent pas assez pour leur protection sociale, mais pour financer quelque chose qui représente un avenir beaucoup plus radieux. Par exemple, un équipement médical qui se trouve presque nulle part, dont on veut faire bénéficier la population. Vous voyez, quelque chose... On va avoir quelque chose d'unique.
- Mais je vous demande de participer au financement par le placement. Bon. Donc ça n'a aucun sens économique.
- C'est quand même le symptôme d'un hôpital. Bon, ça, en crise, on le savait. Mais il faut savoir que...
- Depuis le Covid, on a rajouté 25 milliards dans l'hôpital sur les 40 milliards de hausse totale des dépenses de santé.
- C'est-à-dire 60%. On n'a jamais fait ça dans l'histoire du système de santé. Donc on est dans un tonneau d'édanaïdes qui fait que plus vous rajoutez de l'argent à l'hôpital, plus l'hôpital est en déficit et plus l'hôpital est amené à ce genre de dernier recours.
- Mais alors pourquoi ? Pourquoi, Frédéric Blizzard ? On a du mal à comprendre.
- On a rajouté de l'argent à l'hôpital. Donc il y en a, de l'argent. Alors ça veut dire qu'il est mal réparti ? C'est mal réparti, c'est ça ? Il y a une très mauvaise allocation de ressources. Mais vous savez, j'ai créé l'Institut Santé parce qu'il faut refondre le système.
- Je vous prends un exemple. On a un problème majeur dans le système de santé et à l'hôpital en particulier qui représente bien toute la crise de l'ensemble du système de santé. C'est qu'on a une gouvernance, c'est-à-dire des gens qui pilotent l'hôpital, qui sont uniquement des technocrates, des gens des bureaucrates. Donc ils fonctionnent comme ils savent.
- Et ils en font, mais ils en font en back-office. Il n'en faut pas qu'ils soient devant à piloter. Donc on a décidé de démédicaliser toute la gouvernance, la direction d'un hôpital. Or, qui a la compétence professionnelle ? Qui a la compétence professionnelle ? Dans un secteur comme la santé, c'est évidemment ceux qui connaissent un petit peu la médecine. Donc il faut une alliance des compétences et non pas une domination d'une compétence technocratique qui, en fait, entraîne un fonctionnement ubuesque de l'institution qui fait que les gens n'ont plus envie d'y aller travailler. Donc il faut payer des gens, non pas des gens permanents, mais en intérimaire. Donc vous avez une explosion des frais de fonctionnement de l'hôpital sans aucune amélioration pour les citoyens patients. Et donc on est dans une espèce d'engrenage, de cercle vicieux qui fait que ça coûte toujours plus cher et vous pouvez toujours apporter plus de fonds. Ça n'améliore pas.
- L'autre point qui fait que l'hôpital tourne à vide, c'est que vous avez un...
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