Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Benjamin Gleize. Soyez libres. Bonjour, Elisabeth Lévy.
- Bonjour, Benjamin. Bonjour à tous. Bon, vous voulez nous parler, ce matin, de Boilem Sansal.
- Eh bien oui. Ça fait 349 jours aujourd'hui qu'un écrivain français, dont le seul crime est de penser librement, est détenu en Algérie.
- En réalité, on devrait plutôt dire qu'il est retenu en otage. Il est à l'isolement. Et je pense à lui, ce matin.
- Je me demande s'il se dit que la France l'a abandonné. Alors on a très peu d'informations et très conditionnelles.
- Mais hier, son comité de soutien a donné des nouvelles alarmantes sur sa santé. Vous savez, l'écrivain de 81 ans a un cancer.
- Il vit dans des conditions très dures. Il aurait demandé à être hospitalisé. Mais on n'en sait pas plus.
- Alors ce qui me stupéfie, ce matin, c'est l'indifférence des pétitionnaires professionnels.
- Et de la gauche en général. Les milieux culturels, Benjamin, sont aux abonnés absents.
- L'Académie française, même l'Académie française, a refusé de les lire dans une procédure un peu par absence.
- Et alors que l'Académie royale de Belgique, oui, elle l'a fait. Les artistes qui, ici, dénoncent en boucle un génocide, ce sont aussi autant de Sansal que des supposés collaborateurs palestiniens qui sont exécutés publiquement et atrocement par le Hamas.
- Si Sansal était dans une prison israélienne, alors là, il serait déchaîné. Mais son crime, c'est qu'il dénonce l'islam politique là-bas et aussi ici.
- On vous dit qu'il est d'extrême droite, Benjamin. D'ailleurs, vous en avez parlé, le Rassemblement national le défend puisqu'il a inscrit ce traité franco-algérien à sa niche parlementaire.
- Oui. Alors est-ce qu'au moins la France agit véritablement, Elisabeth ? Écoutez, ni la France, ni l'Europe, ni le CICR, ni l'ONU. En tous les cas, Boilem Sansal est toujours...
- Alors vous savez, parfois, on rêve d'une opération d'effort spécial à l'israélienne ou d'un coup d'étrat à la Trump. Mais non, nous, on a l'Élysée qui nous dit que c'est vraiment une priorité depuis des mois.
- Et la réalité, c'est que nous n'arrêtons pas de nous humilier. Il n'y a eu aucune rétorsion ou presque. Jean-Noël Barraud est allé baiser toutes les babouches qu'il pouvait pour en conclure que les relations étaient désormais apaisées.
- Oui, tu parles. On a donné par exemple signe parmi d'autres. Cette année, le nombre de visas étudiants...
- ...délivrés à des Algériens a été absolument record. Alors Macron dit à tout le monde avec des airs entendus qu'il ne faut pas faire trop de bruit et que le dossier avance.
- Mais ni Boilem Sansal, ni Christophe Gleize, ce journaliste qui est retenu également pour des raisons politiques, ne l'ont convaincu de taper du poing sur la table.
- En réalité, notre politique est dictée par la peur et par la culpabilité coloniale. Alors hier soir, Noël Lenoir, qui préside le comité de soutien, a affiché un optimisme...
- ...désuré, mais qui était aussi certainement un peu diplomatique. Elle dit qu'elle espère un déblocage à l'occasion du prochain voyage de Laurent Nunez.
- Moi, je pense qu'il est plus réaliste de s'en remettre au pape, qui lui aussi va faire un voyage en Algérie sur les traces d'Augustin et qui, paraît-il, serait ému par le sort de Boilem Sansal.
- Alors vous vous rappelez, Benjamin, hier, je voulais être allemande. Et aujourd'hui, je rêve par moment d'être américaine, parce qu'un pays qu'on respecte, un pays qui fait peur parfois, aurait déjà obtenu le retour de nos deux compatriotes par la diplomatie ou par la force, avec des rétorsions disproportionnées, genre confiscation des biens, expulsion, arrêt de tout visa, pas un, pas deux, zéro.
- Avec les Algériens, ça aurait duré deux jours. Mais non, non, non, chez nous, c'est pas ça. Vous ne comprenez pas. C'est pas possible. On ne peut pas. Nous, on a des bonnes manières.
- Ce n'est pas la diplomatie de la canonnière, mais celle de la courbette.
- Merci beaucoup, Élisabeth Lévy.
- On vous fait réagir. 0826 300 300. On reviendra sur ce sujet tout à l'heure dans le Grand Débrief, à 8h30, avec vous, Élisabeth et Éric Revelle.
- D'ici là, on va en parler, de Boilem Sansal, sans doute, avec l'invité politique de Jean-François Akili, Laure...
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