Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Regards de Femmes, Michel Vianès.
- Bonjour Michel.
- Bonjour Jean-Marie.
- Fondatrice de l'organisation non-gouvernementale Regards de Femmes, vous célébrez un anniversaire assez surprenant pour nous aujourd'hui, ma chère Michel.
- Vous célébrez le fait qu'il y a 60 ans, 60 ans seulement, les femmes obtenaient enfin le droit d'ouvrir un compte bancaire et de travailler sans l'autorisation de leur mari en France.
- Michel, est-ce qu'on peut dire aujourd'hui qu'elles sont enfin autonomes financièrement ? Eh bien, pas vraiment, puisque les inégalités économiques persistent.
- Et parler d'argent, surtout, reste encore pour beaucoup de femmes un sujet délicat et j'irais presque tabou.
- Bien sûr, pendant des siècles, les femmes ont été dépendantes financièrement, privées de droits, exclues de gérer des décisions économiques.
- Et puis, si elles ont appris à gérer l'argent, c'est sans jamais en détenir réellement.
- Et aujourd'hui encore, dans les imaginaires collectifs, les hommes sont ceux qui gagnent, investissent et décident, et les femmes, celles qui comptent, qui économisent, mais qui restent à l'écart des décisions majeures.
- Et d'ailleurs, le magazine Femmes Actuelles consacre cette semaine tout un dossier sur les femmes et l'argent.
- Et il interroge des sociologues, des responsables, en gestion financière, économistes, avocates, etc., pour donner des pistes afin que les femmes se sentent enfin capables, légitimes et actrices de leurs choix financiers.
- Oui, alors pourquoi les femmes se sentent-elles moins légitimes que les hommes aujourd'hui ? Eh bien, selon un sondage d'Opinion Way, moins de deux femmes sur dix se disent à l'aise pour parler d'épargne ou de logement.
- Donc l'écart, je dirais, entre la perception de l'argent comme liberté, pour les hommes, et comme angoisse pour les femmes, c'est vraiment révélateur, puisque là où les hommes associent l'argent à la liberté ou au pouvoir, eh bien nous, les femmes, nous y associerons plutôt l'angoisse, le manque ou même le conflit.
- Et il y a des mécanismes les plus assidus, on en a parlé il y a quelque temps, c'est la reproduction des normes patriarcales, y compris par les femmes, et sur l'argent de poche.
- Vous savez que des études montrent que les garçons reçoivent des sommes plus importantes que les filles, alors que ce sont le plus souvent les mères elles-mêmes qui distribuent cet argent de façon inégale.
- Et donc, de manière inconsciente, les femmes perpétuent l'idée que les garçons ont besoin de plus, ou encore pire, méritent plus, simplement parce qu'ils sont des garçons.
- Oui, c'est vrai, évidemment, ça vous dérange et c'est normal.
- Alors, quel levier pour renforcer l'autonomie financière des femmes aujourd'hui ? Eh bien, dès le plus jeune âge, apprendre à gérer un budget, à parler d'argent sans tabou, à faire des choix éclairés.
- C'est-à-dire que plus les femmes sont informées en matière d'épargne et de consommation, et plus tôt les filles sont informées sur ces notions, plus elles pourront les intégrer comme un outil de liberté, justement, plutôt qu'une source d'angoisse.
- L'argent est un outil d'émancipation et ça ne devrait pas être un tabou, mais pour cela, bien sûr, il faudrait déconstruire de nombreux stéréotypes dès l'enfance, dans le couple et le travail, car l'indépendance financière, je ne vais pas vous le cacher, c'est une condition de la liberté.
- Évidemment. Merci beaucoup, Michèle Vianès.
- Un mot, quand même, pour que la féministe historique nous dise ce qu'elle attend du tout nouveau pape Léon XIV.
- Eh bien, qu'il permette aux femmes, justement, d'être présentes au sein de l'Église.
- Je pense aux droits à la prêtrise, en particulier.
- Et puis aussi, ne pas trop se mêler du ventre des femmes, les laisser autonomes, en particulier sur le droit à la contraception.
- Je dis bien contraception, pas qu'avortement.
- C'est même sur la contraception que l'Église s'oppose souvent.
- Et puis peut-être aussi les sexualités différentes.
- Bon, écoutez, je vous laisse lui adresser vos intentions de prière, tout simplement.
- Merci beaucoup, Michèle Vianès.
- Je rappelle que vous êtes la fondatrice de l'ONG Regards de Femmes.
- À bientôt. À bientôt.
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