Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Regards de Femmes, Michel Vianès.
- Bonjour ma chère Michel.
- Bonjour Maxime.
- Michel, aujourd'hui vous voulez revenir sur le cas de Betty Lachegard, cette militante féministe marocaine condamnée à la prison.
- Qu'est-ce qu'on lui reproche exactement ? Eh bien je vous avais parlé il y a quelques semaines de Betty Lachegard, militante féministe marocaine condamnée à 30 mois de prison pour une photo publiée sur les réseaux sociaux.
- Une photo qui a été prise il y a 3 ans au Royaume-Uni et où elle est portée un t-shirt avec un slogan, je dirais, féministe des années 70, donc Dieu est lesbienne.
- Pour cette photo prise à l'étranger, en soutien aux femmes iraniennes, d'ailleurs à ce moment-là, Betty a été jugée comme une criminelle et son procès en appel s'est déroulé dans des conditions indignes.
- Elle a dû rester debout, immobile, pendant plus de 6 heures alors que les juges ont bien vu qu'elle était atteinte physiquement.
- Elle est en rémission d'un cancer.
- Et elle portait une attelle au bras gauche.
- Et bien malgré cela, la condamnation a été confirmée.
- Et ces avocates qui avaient demandé une peine alternative, rappelant qu'elles n'avaient commis aucun acte violent ni aucun crime, et bien non, rien n'a été accordé, même pas la prise en compte de son état de santé qui risque de s'aggraver bien sûr en détention.
- Mais M. Michel, vous parlez actuellement de détention.
- Concrètement, dans quelles conditions elle est détenue, retenue aujourd'hui ? Des conditions effroyables.
- Même pas de matelas, seulement de couverture.
- Elle est à l'isolement, y compris lors des promenades.
- Il ne faudrait surtout pas qu'elle puisse se parler aux autres détenus.
- Et pourtant, le Maroc, qui l'emprisonne pour une photo, vient de signer à Paris, aux côtés de 30 pays, une déclaration pour une diplomatie féministe.
- Et cette déclaration affirme, je cite, que les droits des femmes ne sont pas négociables et les États signataires, s'engagent à les défendre bien sûr.
- Et là, je cite, dans une période où les droits humains sont remis en question.
- Comment ne pas voir le paradoxe ? Une photo sur les réseaux sociaux, est-ce que ça ne relèverait pas justement du droit à la liberté d'expression qui est bien au cœur des droits humains ? Là, on est vraiment au cœur de l'hypocrisie diplomatique, ma chère Michel.
- Mais pour vous, qu'est-ce que signifie cette condamnation ? Eh bien, je dirais qu'au-delà du cas personnel de Betty, est-ce que ce n'est pas une manière justement de dire aux Marocaines, aux Marocains, même ceux qui vivent à l'étranger, qu'ils restent sous la coupe de la charia et du contrôle religieux ? Et bien sûr, comment ne pas penser à Boualem Sousa, l'écrivain franco-algérien qui est emprisonné en Algérie pour des propos qui ont été tenus en France.
- Et dans ces deux cas, on trouve exactement la même logique, celle d'un pouvoir qui punit la pensée libre, même au-delà de ses frontières.
- Et on peut s'interroger également sur la France.
- Pourquoi est-ce qu'on garde le silence alors qu'il s'agit de défendre la liberté d'expression, la santé, la dignité humaine ? Betty Lachegard est en prison, seule, malade, pour une photo.
- Alors aujourd'hui, dans cette chronique, je veux simplement redire, soutenons Betty Lachegard, faisons connaître son nom, partageons son histoire, écrivons-lui, parce qu'en la soutenant, c'est bien sûr la liberté de toutes les femmes que nous soutenons et la liberté de penser également que nous défendons.
- Soutenons Betty Lachegard, on ne le répétera jamais assez.
- Merci beaucoup.
- Merci d'avoir été avec nous ce matin.
- Merci Maxime.
- .
Transcription générée par IA