Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
- Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
- Votre politique de cinéaste a été d'en parler sans jamais en faire.
- Après des films où vous racontiez un passé encore très présent, vous êtes de retour sur les écrans avec un tableau du futur, inspiré par un peintre de légende.
- Bonjour Pierre Scholler.
- Bonjour Jacques.
- Alors, on est la veille de la sortie d'un film Rembrandt, qu'on va évoquer tout à l'heure, votre nouveau film.
- Mais vous avez un parcours de cinéaste assez varié, assez étonnant.
- Et le principe des clés d'une vie, c'est de raconter ce parcours à travers des dates clés.
- Et la première que j'ai trouvée ne vous concerne pas directement, mais elle a une importance dans votre vie.
- C'est un film qui est sorti le 17 avril 1958. Écoutez.
- Le septième saut.
- C'est un film qui, je crois, a été très important dans votre parcours.
- Oui, il est important, comme à peu près tous les films de Bergman.
- J'habitais dans ma jeunesse en face d'une maison de la culture qui s'appelle Les Gémeaux, à Sceaux.
- Et du coup, assez tôt, c'est-à-dire en sortie de l'enfance, au début de l'adolescence, je suis allé voir des films.
- Et c'est vrai que tous ces films que j'ai vus avant de me mettre dans cette obsession de faire du cinéma, d'en faire un métier, d'y consacrer ma vie, ils ont tous...
- Ils ont tous été marquants.
- Et Bergman est très marquant, mais je pourrais aussi citer Mizoguchi, je pourrais citer Dreyer.
- Ce n'est pas des petits...
- Et le premier film que j'ai vu, c'est Oscar, avec Louis de Funès, au cinéma Regina, à Bourg-la-Reine.
- Et figurez-vous que l'ouvreuse était la mère d'Alain Delon.
- Incroyable, ça.
- Voilà.
- Et Oscar est un film important.
- Une pièce de théâtre au départ, qui a été créée par Belmondo, pas par De Funès, et qui est devenue un film classique.
- Voilà.
- Alors, dans les fans de Bergman, il y a un autre fan très important, c'est Woody Allen, je ne sais pas si vous le savez.
- Ah, ça c'est évident.
- Il a dit, son œuvre sera sans cesse redécouverte par les générations futures, parce qu'elle parle de la difficulté des rapports entre les hommes avec la religion et la mort.
- Donc...
- Oui, mais je pense que...
- Ce qu'il y a de...
- de très beau chez Bergman, c'est qu'il fait le lien entre une pratique théâtrale et une pratique de cinéma.
- C'est-à-dire qu'il avait sa troupe, il tournait avec ses proches, on connaît toutes les histoires avec ses comédiennes, et c'était aussi le sujet de son...
- En fait, sa vie était aussi le sujet de son cinéma.
- Et c'est à la fois ses préoccupations, ses angoisses, mais c'est aussi...
- C'est...
- Sa vie, ce qu'il ressentait, en fait.
- Mais il se trouve aussi que...
- Woody Allen, vous avez vu des films aussi à Sceaux.
- Il se trouve que vous avez grandi à Sceaux, et je ne sais pas si vous le savez, mais à Sceaux, il y a un délégué de l'Amérique qui est chargé de travailler avec des productions pour que des films se tournent à Sceaux régulièrement.
- J'ignorais.
- Il y a eu Laurent Laffitte, Michel Gallabru, Nathalie Portemonne et beaucoup d'autres qui ont découvert Sceaux grâce à ça.
- D'accord.
- Alors, il se trouve que vous grandissez aussi en vous promenant, et il y a un déclic aussi, je crois que c'est au Château de Chambord, Pierre Scholler, où vous voyez une caméra par un touriste pour la première fois.
- Mon Dieu, vous êtes un fin limier.
- Parce que celle-là, je ne l'ai pas racontée beaucoup.
- Effectivement, j'étais en voyage scolaire et en visitant le château sur une tour, une terrasse, je me souviens, c'était en plein air.
- Et il y avait un touriste qui avait une caméra Super 8 et en parlant avec lui, il me dit ça t'intéresse, il me met la caméra dans les mains.
- Et c'était la première fois que je touchais une caméra de cinéma, l'appareil photo, oui, évidemment.
- Et je me mets à filmer et ça a été fort.
- Ça a été très fort.
- Ça a été le déclic.
-...
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