Retranscription des premières minutes :
- La juge qui vient de condamner Nicolas Sarkozy à 5 ans de prison avait déjà manifesté contre lui.
- Sur la justice, est-ce qu'il y a une politisation de la justice ? Est-ce que la justice a rendu le verdict qu'elle aurait rendu pour quelqu'un d'autre ? Nathalie Gavarino, présidente du tribunal de Paris, était en 2011 représentante de l'union syndicale des magistrats.
- Elle n'avait pas supporté les propos du président qui mettait en cause la responsabilité des magistrats à la suite de l'assassinat de Laetitia Perret.
- Alors c'est un procès impartial ou un règlement de compte ? Et comme je vois Philippe Bilger trépigner de cette question...
- Non, non, pas du tout, ma chère Cécile. Je suis prêt à laisser un large temps de parole à Natacha.
- Natacha, donc cette question sur Nicolas Sarkozy et cette magistrate qui aurait manifesté contre lui, soupçon de faute ou simple polémique selon vous ? Alors, il est parfaitement légitime de se poser la question.
- À partir du moment où on essaye de le faire avec le plus de nuances et de recul possible.
- En l'occurrence, il me semble que beaucoup de magistrats avaient protesté contre les positions de Nicolas Sarkozy sur la magistrature.
- À mon sens, à tort.
- C'est-à-dire qu'on sait qu'il y a un débat depuis déjà très très longtemps sur la responsabilité des magistrats quand la justice de toute évidence se plante.
- Et il y a des moments où la justice se plante.
- Elle est humaine.
- Et donc on se souvient que...
- Plusieurs fois, Nicolas Sarkozy avait mis en cause les magistrats.
- On a tous en tête la fameuse phrase sur les petits pois.
- Et donc qu'il y ait eu une colère des magistrats, c'est une évidence.
- Qu'il y ait une détestation de Nicolas Sarkozy par une part des représentants du monde de la justice, c'est une évidence.
- Est-ce que pour autant, ça implique qu'un jugement soit impartial ? Je suis plongée dans la lecture des 380 pages.
- Je suis plongée dans la lecture des 380 pages de ce jugement parce que j'estime qu'il faut lire les 380 pages pour bien comprendre.
- Donc je le dis ici, je n'ai pas encore fini parce que ça prend un certain temps.
- C'est vrai.
- Et très complexe.
- Mais je pense qu'il faut être...
- Enfin, ce jugement est extrêmement argumenté.
- Il y a des choses, moi, qui m'étonnent beaucoup dans ce jugement.
- N'étant pas professionnelle, je vais justement soumettre ces quelques phrases à Philippe Bilger.
- Mais voilà.
- Qu'il n'y ait pas de caricature.
- Et ce qui m'inquiète, c'est que je vois bien que ce jugement n'a pas réglé le problème.
- C'est-à-dire qu'on est quand même dans un truc totalement gravissime.
- C'est-à-dire qu'on a un président de la République qui est donc jugé coupable d'association de malfaiteurs.
- C'est énorme.
- Sauf qu'il aurait fallu que le jugement soit implacable et qu'il y ait, comment dire, une unanimité pour ressouder le pays.
- Parce qu'on se traîne depuis déjà très longtemps, et en particulier autour de la figure de Nicolas Sarkozy, mais pas seulement, une espèce de soupçon sur la justice qui serait politisée, sur le fait...
- Et c'est profondément malsain.
- Enfin, on ne peut pas nier qu'elle soit parfois politisée, quand même.
- Non, mais tout dépend de ce qu'on appelle politiser.
- C'est-à-dire que je pense, pour ma part, que les magistrats sont désormais entrés dans un moment où ils se mettent dans une posture morale.
- Et ça me gêne un peu.
- D'autant plus qu'ils...
- Qu'en faisant cela, en fait, ils empiètent sur le politique au sens large.
- J'avais été gênée par l'exécution provisoire dans le procès sur Marine Le Pen, parce que ce concept qui était autour de troubles à l'ordre public démocratique était lunaire.
- Et de même là, il y a deux, trois choses qui me titillent.
- Et je le dis avec énormément de prudence.
- Parce que, de fait, la question est complexe.
- On a le droit de se poser des questions, de toute façon.
- Voilà.
- Dans l'absolu.
- Heureusement.
- Il y a, dans ce procès, évidemment, de l'argent qui a circulé.
- Vous avez dit tout à l'heure, Cécile, que...
- Et on va en parler tout à l'heure.
- La question du document produit par Mediapart.
- Il...
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