Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, l'invité politique, Jean-François Aquili. Et Jean-François Aquili, votre invité politique, ce matin, est Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre, ancien maire de Valenciennes et fondateur de l'UDI.
- Bonjour, Jean-Louis Borloo. Oui, bonjour. Et bienvenue. Il ne faut jamais gâcher une crise. Ça, c'est vous qui l'affirmez.
- On a un quart d'heure pour changer le pays. On va en profiter avec vous. Au regard du chaos que nous traversons, qu'est-ce que vous constatez, Jean-Louis Borloo ? Parce que vous avez envie de dire les choses. Oui. En fait, vous savez, moi, je suis parti il y a pas 13 ans. Oui, ça fait un moment.
- Voilà. Je trouvais que j'avais plus la forme physique, le problème de santé. Et donc j'ai démissionné, ce qui était la moindre des corrections à l'égard de mes mandants.
- Et puis là, je ressors un peu de ma tanière, parce que...
- J'ai le sentiment qu'on ne prend pas la mesure de la situation. Et surtout qu'on ne trouve pas le chemin.
- J'ai l'impression qu'il y a une espèce de corps un peu sans tête qui cherche la sortie. Et j'ai un peu travaillé, parce qu'il faut se méfier de ses souvenirs, un peu travaillé pour essayer de comprendre la situation. Vous avez vu, on cherche 40 milliards. Le vrai déficit, c'est pas 40.
- Oui, mais c'est bon ça. Je veux dire, ce qui me fascine dans la situation actuelle, c'est qu'on voit pas l'éléphant...
- Au milieu de la pièce, quelle est la situation réelle de notre pays ? 70 millions d'habitants à peu près, climat tempéré, des gens intelligents, bien formés, et avec des dirigeants qui sont ni corrompus, ni cyniques, ni essaient de mal faire. Et en même temps, on a une crise du logement qui est d'une gravité extrême et qui va s'aggraver, puisqu'on en produit deux fois moins que le besoin. Une crise de la jeunesse qui est fascinante.
- 400 000 jeunes suivis par l'aide sociale à l'enfance, 150 000 par la protection de la jeunesse, 1,5 million de perdus de vue, c'est-à-dire sans emploi, sans qualification, sans formation, au pied des immeubles, qui sont évidemment la proie de tous les dingues qui se promènent.
- On a une crise de l'agriculture, on a une crise des prisons, on a une crise de la chaîne judiciaire. Et en même temps, on a un déficit qui, pardon de vous le dire, il ne faut pas le compter en pourcentage de PIB, ce qui ne veut rien dire, c'est dépenses, recettes, on est à pas loin de 40%.
- 40% de déficit.
- Ce n'est pas 40 milliards qu'il faut chercher.
- Mais bien sûr que non. Revenir à l'équilibre, c'est 180 et 200 milliards l'année prochaine.
- Donc on ne peut pas, sauf à penser qu'on est juste un pied de crétin, on peut peut-être se poser la question de savoir si on n'a pas un problème d'organisation de l'action publique.
- Il est là le problème pour vous.
- Tout simplement. Évidemment qu'il est là le problème.
- C'est le problème.
- Alors je vais vous dire.
- Quand on regarde tranquillement et sans critiquer tel ou tel gouvernement, ça ne m'intéresse pas du tout.
- Il n'y a aucune organisation au monde, religion, armée, État, syndicat, aussi désorganisée que la France.
- Tout ça composé que par des gens qui essaient de bien faire. Je m'explique.
- La France, c'est un pays... Je suis sûr que si je vous dis, est-ce que vous pensez que la France est centralisée, vous allez me dire oui.
- Je vais vous dire que ce n'est pas vrai.
- La France, en termes d'action publique, est le pays le plus émietté du monde.
- Émietté ? Oui. Tout le monde fait tout.
- Je vais vous donner 3-4 exemples très simples.
- Alors d'abord d'organisation, puis pour les gens.
- 400 milliards gérés par 8000 organismes paritaires.
- 8000.
- 1850 organismes publics.
- Des régions, des départements, des agglos, des pays, des communes.
- Enfin, sur Paris.
- Des EPT.
- Enfin, tout ça est complètement... Et tout le monde...
- Tout dans tous les sens.
- Tout le monde fait tout.
- Oui.
- J'ai oublié 20 autorités administratives indépendantes.
- Ce qui est fascinant, c'est que tout le monde fait tout.
- D'ailleurs, personne n'y comprend strictement rien qui s'occupe des adultes...
Transcription générée par IA