Retranscription des premières minutes :
- ...aspects de ce que vous appelez, effectivement, on est en train de changer d'air et vous dites que votre génération, en tout cas une partie de votre génération, elle est dans une espèce de nouveau conservatisme dont nous allons parler.
- Mais d'abord, choc des civilisations, Huntington en a parlé, face à, rappelez-vous, Fukuyama qui disait absolument non, non, c'est fini, c'est la fin de l'histoire, etc.
- Alors, on en est où aujourd'hui, selon vous? La thèse Huntington, par exemple, est assez intéressante parce que pour lui, c'est vraiment le choc extérieur, en fait, qui va, sans dire achever l'Occident, mais qui va la mettre en difficulté.
- Alors que, vous aurez constaté, le sous-titre de mon livre, c'est « Pourquoi nos civilisations s'effondrent de l'intérieur ».
- Donc, c'est un peu le pari que j'ai choisi de faire en examinant un peu les dérives contemporaines de la liberté.
- Parce que, qu'est-ce qu'une civilisation? D'abord, Norbert Elias nous disait, c'est quand on est capable de mettre de côté nos pulsions pour bâtir des règles collectives qui nous permettent de vivre ensemble.
- Et donc, quand je parle d'anti-civilisation, pour moi, c'est exactement l'inverse.
- C'est-à-dire, quand on sombre dans la déconstruction, quand on décide, justement, que le fait qu'on a des normes, qu'on a une culture, qu'on a des mœurs aussi...
- Ça ne sert plus à rien, quoi.
- Exactement. Je pense qu'on les prend pour acquis.
- Et, malheureusement, c'est davantage les jeunes, c'est davantage les plus vulnérables aussi qui récupèrent la facture quand on laisse les pulsions antisociales s'exprimer, quoi.
- Et alors, justement, ces pulsions sociales s'exprimer, ce qui, Rémi Lafarture, vous parlez de tout.
- On parle du woke d'un côté, des extrémismes de l'autre.
- Et on revient toujours... Enfin, il y a eu beaucoup de livres qui ont abordé cela.
- Vous savez, les Lumières, on monte jusqu'aux Lumières.
- Et puis, on monte à la déconstruction, à la Derrida et compagnie, la French Theory et autres.
- Au fond, tout cela, aujourd'hui, fait un cocktail explosif.
- On voit très, très, très bien, on l'a vu ça encore, à la réaction.
- On en parlait en début d'émission, réaction des médias, notamment français et autres, à la cérémonie en hommage à Charlie Kirk en Arizona.
- Je ne sais pas si vous avez suivi cela.
- Ce qui est très intéressant, c'est qu'aujourd'hui, on a l'impression que tout se passe comme si on assigne à résidence, on met des étiquettes, vous êtes du bon côté, vous êtes du mauvais côté, vous, vous êtes ceci, vous êtes cela.
- Est-ce que par rapport à ce qui s'est passé, alors justement, qui n'était pas votre génération, qui est la mienne, des années 60-70, disons, etc., et même plus, et qu'elle est entre ces années-là ? Pour vous, vous en parlez pas mal dans votre livre.
- Qu'est-ce qui a profondément changé depuis 50 ans dans les générations, dans la prise de conscience, si prise de conscience il y a ? Je crois qu'il y a certainement une différence générationnelle qui s'exprime à peu près partout en politique aujourd'hui parce que, disons, la génération qui a amorcé la déconstruction dans les années 60, dans les années 70, elle avait cette grande chance, en fait, d'avoir justement hérité, d'avoir grandi avec cette tradition à laquelle elle a choisi, en quelque sorte, de renoncer librement, peut-on dire.
- Mais le contre-coup, peut-être, qu'elle n'avait pas anticipé, c'est que les plus jeunes comme moi, eh bien, nous n'avons pas eu cette chance d'avoir justement cet héritage.
- Donc, à partir du moment...
- Parce que vous êtes né dans une époque déjà déconstruite, c'est ça ? Ben oui, ben oui. Parce qu'à partir du moment où on coupe le fil, à partir du moment où on décide de cesser de transmettre, eh bien, malheureusement, on appauvrit.
- Et donc, je ne peux pas dire que ma génération, ceux qui sont nés entre 1995 et 2012, grossièrement, ont eu la même chance que ceux qui, justement, ont fait la Révolution 68 Ardes et ont décidé, justement, qu'ils ne nous transmettraient plus ces trésors civilisationnels dont eux ont hérité.
- Oui, eux l'ont eu, mais ils ont dit, on va s'en débarrasser. Du passé, faisons table rase.
- Voilà, mais c'est comme celui qui...
Transcription générée par IA