Retranscription des premières minutes :
- Vous êtes sur Sud Radio. Nous sommes le mardi 23 décembre 2025. Il est 13h03. Et Perico Ligas a l'honneur de recevoir le colonel Michel Goya.
- Le colonel Goya est un soldat français. C'est indéniablement un patriote. C'est quelqu'un qui connaît la chose militaire parfaitement.
- Il est docteur en histoire. C'est un observateur de la situation géostratégique mondiale. Et plus particulièrement sur ce conflit russo-ukrainien.
- Il y aura bientôt 4 ans, mon colonel, que la guerre a commencé, le 22 février 2022. Et nous sommes en 2025. Les choses ont beaucoup évolué.
- Vous avez écrit en partenariat avec Jean Lopez « L'ours et le renard ». Ça remonte à 2023.
- Mais je tenais à citer cet ouvrage que j'ai lu intensément et décrypté. D'abord parce que ça nous dit ce qu'est la tactique et la stratégie.
- Je vois que vous connaissez votre Clausewitz par cœur. Et c'est très éclairant sur l'évolution de ce conflit dont on a tout dit, tout entendu.
- Conflit très médiatisé sur tous les plateaux télé de toutes les chaînes info, avec tous les types d'avis et, j'allais dire, de considérations dans l'exaltation, dans la dénonciation, dans le parti pris, dans l'idéologie.
- Michel Goya, je crois que vous êtes un homme sérieux. Vous ne parlez que sur connaissance des dossiers.
- Et quand vous arbitrez quelque chose d'une décision, c'est que vous le faites en connaissance de cause et en conscience.
- Je vais vous poser une première question. Comme en Noël, j'allais vous laisser le choix.
- Mais je prends les phrases fatidiques du début de ce conflit en février 2022. Alors, est-ce qu'il faut dire que la Russie ne pouvait pas gagner ou que l'Ukraine ne pouvait pas perdre ? Parce que ça, on l'a entendu. Et finalement, on n'est plus tout à fait dans ce concept. Et vous, vous avez toujours été prudent sur cette question.
- Bonjour, Perricot. Oui, j'étais prudent. Enfin bon, je me suis trompé aussi, comme beaucoup, d'ailleurs.
- On ne s'attendait pas à la guerre. Ça, c'est clair, au départ.
- Oui, je pensais que la Russie s'embourberait dans un conflit qui durerait des années et qui, finalement, lui coûterait très cher et qu'au bout du compte, ce n'était pas très rentable, en réalité, pour la Russie.
- Alors que l'Ukraine était déjà neutralisée. J'avais fait une étude approfondie quand même sur la guerre de 2014-2015. Bon, là, on conclut que finalement, la Russie avait atteint ses objectifs et que l'Ukraine ne rentrerait pas dans l'OTAN, qu'elle serait quand même neutralisée, qu'il n'y avait pas... Du coup, bon, il n'y avait pas forcément besoin d'une invasion pour ça, sachant que cette invasion serait dans tous les cas de figure très difficile. Alors j'imaginais pas forcément que les choses allaient évoluer de cette façon, militairement.
- Mais ce qui était à peu près certain, c'est que ce serait très compliqué pour la Russie et que ça durerait des années. Et donc, d'une certaine façon, oui, la Russie ne pouvait pas véritablement l'emporter.
- En tout cas, atteindre les objectifs qui, apparemment, Poutine s'était fixés. Et en même temps, l'Ukraine pouvait également difficilement s'opposer complètement ou vaincre la Russie, s'opposer complètement à cette invasion.
- Pour les Russes, c'était aussi matériellement sans doute impossible. Et donc, voilà, il fallait s'attendre à une sorte de grand bourbier.
- Et de ce point de vue, je pense que, comme certains, j'ai eu raison. C'est pas forcément le bourbier que j'attendais, mais il y a quand même bourbier, quand même, qui dure depuis des années.
- Voilà, on avait oublié aussi, effectivement, qu'un conflit... D'abord, un conflit pouvait être à très grande échelle, très violent. On avait un peu oublié cette idée.
- Et puis qu'il pouvait être aussi...
- C'est un conflit très long. Ça aussi, c'est un peu l'exception dans les guerres modernes, industrielles. On a des guerres qui durent quelques jours, enfin, quelques semaines, quelques mois, grand maximum, et quelques jours, parfois, avec un vainqueur qui s'impose... Enfin, un plus fort qui s'impose tout de suite. Et que, voilà, ben là, non, on était... C'était pas possible. Et donc, ce conflit... Les conflits modernes sont soit très courts, soit très longs, en réalité. Voilà.
- Ou c'est tout de suite réglé, la guerre fraîche...
Transcription générée par IA