Retranscription des premières minutes :
- « Midi 14h, Sud Radio, la France dans tous ses états, le face-à-face. » Bonjour, la France dans tous ses états, aujourd'hui nous allons traiter d'un thème extrêmement sensible, j'allais dire terminé, le génocide.
- Avec Catherine Grinfogel, vous êtes maître de conférences et mérite à l'université de Toulouse-Capitole et enseignante chercheuse en droit à l'Institut catholique de Toulouse et aussi à l'Institut catholique de Vendée.
- Vous êtes une spécialiste du crime contre l'humanité. Catherine Grinfogel, merci d'avoir accepté l'invitation de Sud Radio pour cette émission.
- Vous publiez « Génocide, le mot, la chose, l'histoire » aux éditions du CERF sous l'autorité de Jean-François Colosimo, qui est un éditeur, j'allais dire, qui apporte beaucoup au débat actuel sur l'actualité française et dans le monde.
- Et vous avez voulu mettre un point sur le « i » du mot « génocide ».
- Et vous l'avez fait d'abord avec du courage.
- Et surtout avec une abdégation, une précision, un travail d'universitaire que vous êtes.
- Vous avez couvert la totalité, j'allais dire, du concept de génocide avec ses variantes, ses évolutions.
- Et surtout, ce qui vous a mis en colère, c'est l'abus de ce terme « génocide », peut-être dans des façons inadaptées, au point que vous dites que le terme est quelquefois galvaudé.
- Catherine Grinfogel, pour commencer, pouvez-vous nous donner la définition, j'allais dire, littéraire ou académique du mot « génocide » avec son étymologie gréco-latine ? Bonjour tout d'abord, M. Légas, merci de m'avoir invitée.
- Alors, quelques définitions, voyons.
- Je les ai notées parce que c'est très précis souvent.
- Alors voilà, dans le Robert, on nous dit que le génocide est la destruction méthodique d'un groupe humain.
- Mais ça, ça ne suffit pas.
- Autre définition plus précise, toujours générale, le terme « génocide », alors du grec « génos », la race, auquel on a ajouté le suffixe latin « syl », « tué ».
- Donc, ce terme désigne l'extermination physique, intentionnelle, systématique et préméditée d'un groupe humain ou d'une partie d'un groupe en raison de ses origines.
- Et enfin, je vais vous donner la définition de la Cour pénale internationale parce qu'elle n'est pas trop compliquée.
- Vous savez, les définitions...
- Et on y reviendra parce que c'est le cœur du sujet.
- Oui, alors, je vais vous la donner rapidement.
- On entend par « crime de génocide » un quelconque des actes, si après, commis dans l'intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, raciale ou religieux, comme tel.
- Alors là, suivre une liste d'actes, meurtre des membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale des membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesure visant à entraver les naissances dans le groupe et transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
- Voilà. Donc, ce que je peux vous dire, on voit un petit peu quand même de quoi il s'agit.
- La définition que vous venez de citer, c'est celle de la Convention pour la prévention et la répression du crime du génocide.
- C'est celle du 9 décembre 1948. C'est la première fois qu'elle rentre vraiment dans des textes officiels.
- Oui. Et que le groupe est à l'infraction génocide.
- Infraction génocide, bien entendu.
- Qui est à l'origine ? Quand est-ce que le mot génocide, le concept des génocides apparaît dans l'histoire ? Bien entendu, c'est Raphaël Lemkin, personnage essentiel dont vous faites un portrait.
- C'est éloquent parce que c'est quelqu'un... C'est un juriste polonais qui se trouve aux États-Unis pendant la guerre.
- C'est lui le premier qui signale qu'il est en train de se passer quelque chose sur cette planète qui ressemblerait, alors on va appeler génocide, à une destruction de masse d'une population humaine pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle représente.
- C'est la première fois qu'on met le doigt... Il y avait eu des crimes dans l'histoire auparavant, énormes, bien sûr, que ce soit les conquêtes mongoles, que ce soit les conquistadors.
- L'Espagne, ce sont des centaines de millions de morts au total.
- Bien sûr, toutes les guerres sont violentes.
- Mais là, Raphaël Lemkin dit « Attention, il est en train de se passer quelque chose de terrifiant ».
- Comment...
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