Retranscription des premières minutes :
- Midi 14h, Sud Radio. La France dans tous ses états, le face-à-face.
- Alors la France dans tous ses états, dans quel état avez-vous mis la France, peut-on compléter avec le titre de cette émission ? Et nous recevons le juge, le grand juge Marc Trévidy, qui publie chez Albain Michel « Justice présumée coupable ».
- Monsieur le juge, je vais vous mettre en examen. Ça ne vous dérange pas. Une heure. Vous acceptez ? Ah non, pas de souci. J'ai votre autorisation pour cette mise en examen. On va aller au fond du sujet.
- Et je commence par vous dire que je suis désolé, mais vous avez raté votre vocation. Je sais que vous êtes un féru de droit.
- Vous êtes lancé dans la magistrature. Et en lisant votre ouvrage, on se rend compte que vous êtes un avocat formidable.
- C'est le plus beau plaidoyer pour la magistrature que j'ai lu depuis longtemps. Ah oui, ça vous fait rire.
- Mais c'est vrai.
- C'est vrai que vous prenez le dossier à bras-le-corps. Et vous voulez expliquer à nos concitoyennes et aux concitoyens que la lecture qu'on en a de la justice et ce qu'on entend d'elle, même si elle prête le flanc quelquefois, est loin de cette réalité.
- Alors « Justice présumée coupable », est-ce que oui ou non, c'est un plaidoyer pour la magistrature que vous avez voulu faire ? J'ai voulu, étant donné qu'on attaque la justice de quelque part, mais pas simplement l'affaire politique dans les affaires médiatiques, mais les citoyens.
- Les citoyens disent que la justice fonctionne mal, qu'on est trop lent, qu'ils n'ont pas satisfaction.
- Des procès qui durent parfois des dizaines d'années au pire, quelques années souvent.
- Et donc je voulais simplement décrire le fonctionnement. Après, c'est au lecteur de voir si on a des excuses, si vous voulez.
- Parce que c'est vrai qu'on fonctionne mal. Il ne faut pas se leurrer. Mais en décrivant sereinement le fonctionnement, je pense que le lecteur peut mieux comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas comme ça devrait.
- J'allais dire votre confrère. Non. Le grand avocat, maître Florio, dit « L'homme le plus honnête, le plus respecté peut être victime de la justice.
- Quelle fatalité peut le faire passer pour un malhonnête homme, voire un criminel ? » Cette facilité s'appelle l'erreur judiciaire.
- Est-ce que l'erreur judiciaire en France, elle est accidentelle ? Elle est plus fréquente que prévue ? Ou est-ce qu'elle est inévitable ? Elle est assez fréquente.
- Elle est fréquente dans les procédures rapides. Je pense qu'évidemment, quand on passe en comparution immédiate au bout de 48 heures à un gardé à vue, il y a une dose de possibilités d'erreur importante. Mais de façon plus surprenante, puisque maintenant, je préside des cours d'assises, il m'arrive d'acquitter des accusés qui ont fait 3 ans, 3 ans et demi d'intention provisoire parce que le dossier était creux, objectivement.
- Pas simplement au bénéfice du doute, j'allais dire. Parfois, avec certitude de son innocence.
- Donc ça veut dire que le système est très loin d'être parfait. Et après, il y a plein de raisons à ça. Il y a le nombre de procédures, les services de police qui n'ont pas le temps de bien faire leur boulot, le juge d'instruction qui n'a pas le temps de bien faire son boulot, les avocats qui n'ont pas le temps de bien faire leur travail non plus. Et tout ça arrive parfois à des catastrophes.
- Alors votre ouvrage n'est pas seulement un pli de doyer. C'est un document historique. J'allais dire que c'est un document juridique.
- Vous rappelez de façon très importante, parce qu'il y a des confusions dans les différents droits qui existent, en tout cas dans le monde, dans le monde libre, que nous sommes aujourd'hui en application du droit romain corpus juris civilis de l'empereur Justinien de Constantinople.
- Voilà. Corpus juris civilis Romani in co institutiones digesta hot codicem. Allez, j'ai dû revoir mon latin avec vous. Vous en avez partout.
- Et on voit bien que c'est du droit romain, puisqu'il est défini par les formules latines on va en y venir tout à l'heure qui quelquefois correspondent à des formules populaires de bon sens.
-...
Transcription générée par IA