Retranscription des premières minutes :
- Midi 14h, Sud Radio. La France dans tous ses États. Le face-à-face.
- La France dans tous ses États. Le titre de cette émission est particulièrement indiqué pour parler du sujet de notre invité du jour, François-Xavier Ménard, journaliste. Et vous avez publié, vous publiez chez La Fon un document historique, politique, qui fera date.
- On peut évidemment le compléter. Et je crois que c'est un constat et c'est un témoignage percutant et pertinent.
- Vous êtes un journaliste de terrain. Je suis journaliste moi-même. Jamais le mot « terrain » ne m'est apparu, je disais, aussi pertinent et percutant qu'en lisant votre livre. C'est un boulot énorme. Vous êtes allé dans la France que l'on ignore, que l'on méprise, les oublier.
- C'est un titre tout à fait indicatif.
- C'est un voyage au pays du réel. Un réel que l'on ne veut pas voir ou que l'on ignore. Les oublier, ce sont tous ces gens qui sont en marge, qui sont dans ce qu'on appelle la périphérie. Jérôme Fourquet et Jean-Christophe Guilly ont disserté sur les conditions sociologiques et géographiques.
- Vous, vous allez les voir, vous les rencontrez, vous les faites témoigner. On se dit que si la France en est là aujourd'hui, c'est que la situation est vraiment très grave.
- D'autres personnalités.
- Comme Axel Kahn, Jean Lassalle, Gérald Delandrieu, mon confrère, ont traversé la France à pied pour voir. C'était cette même démarche.
- Vous, vous n'êtes pas contenté de traverser la France, d'aller voir ces paysages. Vous êtes allé décrire des situations humaines, des réalités qui sont bouleversantes.
- C'est quoi les oublier en un mot ? Ce sont... D'abord, merci pour vos mots parce que ça me touche beaucoup. Le livre, j'ai d'abord écrit avec mon ventre et je l'ai écrit en tant que journaliste et pas autre chose.
- Je vais vous donner un exemple de reporter.
- Voilà. C'est une infirmière dans un désert médical comme il y en a tant en France. Les sables du désert médical n'arrêtent pas de bouger.
- C'est une infirmière qui en arrive pour aider des patients qui n'ont plus de médecin. Donc ça veut dire plus d'ordonnances.
- Eh bien cette infirmière, elle travaille une partie de sa journée bénévolement.
- Elle ne les fait pas payer.
- Elle ne les fait pas payer. Avec un coût immense pour elle, pour sa famille, pour sa santé.
- Et le cœur de ce livre, c'est de se dire que se passe-t-il quand ces soldats du quotidien, invisibilisés, dont on parle peu, qui n'ont pas toujours envie de prendre la parole mais qui ont en revanche le sentiment d'être méprisés, qu'est-ce qui se passe quand leur moteur à eux s'arrête ou est sur le point de s'arrêter ? On est dans le sacerdoce, on est d'accord.
- On est dans le sacerdoce.
- Et à un moment donné, ils peuvent flancher.
- Ils peuvent flancher.
- Et pourtant ils ne flanchent pas.
- Parce que bien sûr, la plupart du temps, quand ils ne flanchent pas, c'est que ça leur coûte encore un peu plus.
- Et se développe chez eux une colère qui n'est pas la colère qu'on entend sur les réseaux sociaux.
- Ce n'est pas le dégueulis, ce n'est pas les sauts de merde qu'on peut se prendre dans la gueule quand on allume son ordinateur, son téléphone et parfois aussi la télé.
- On est dans toute autre chose.
- Cette colère, elle est insondable.
- On en parle rarement.
- Elle n'est pas populiste, cette colère.
- Elle est intrinsèque à de nombreux Français qui ont le sentiment de donner mais de ne pas recevoir assez.
- Et on ne parle pas de fric.
- On parle de reconnaissance.
- C'est une colère qui est quelquefois passive, qui est assumée.
- C'est un inventaire que vous faites.
- Vous faites un inventaire des réalités et des vulnérabilités.
- Vous tenez beaucoup à ce terme.
- Des vulnérabilités françaises.
- On ne pourra pas décrypter la totale utilité des livres.
- Il faudrait trois émissions et vous reviendrez certainement pour nous en dire davantage.
- Quand on lit votre ouvrage, quand on fait le point, quand on a fini le livre, on se dit que le pays dans lequel nous sommes n'est pas toujours une nation.
- Ce n'est pas toujours une république.
- Ce n'est pas possible que...
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