Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-François Aquili.
- Il est 8h13, nous sommes en ligne avec vous Cyril Colombani, bonjour.
- Bonjour.
- Vous êtes pharmacien dans les Alpes-Maritimes, pour être précis à Roqueburune, Cap-Martin.
- Cyril Colombani, il y a cette pénurie de cartouches d'insuline qui compliquent au cœur de l'été la vie des diabétiques.
- Cela concerne un labo danois, Novo Nordisk, il n'y en a plus sur les rayons.
- Alors oui, ça concerne Novo Nordisk, mais en fait il faut revenir à la cause de cette rupture.
- C'est que le laboratoire Lilly, qui est un des trois gros fabricants d'insuline, a annoncé au mois de juin 2025 qu'il arrêtait toute une gamme d'insuline avec un arrêt prévu pour le mois d'avril 2026.
- Mais les stocks commencent à s'épuiser rapidement et en fait il y a de plus en plus de médecins qui changent d'insuline.
- Donc il y avait des équilibres sur certains produits, les prescripteurs veulent changer très tôt d'insuline, se retournent vers des produits chez certaines Novo Nordisk et le laboratoire n'est pas en capacité d'assumer la totalité des nouvelles prescriptions qui sont réalisées par rapport à cela.
- Oui.
- Donc cela donne du coup finalement des pénuries, j'allais dire en cascade, c'est ça ? C'est le problème pour l'insuline, c'est le problème pour ce que l'on appelle dans notre métier les médicaments matures, c'est-à-dire des médicaments qui sont utilisés par des millions de Français et des millions de gens à travers le monde, parce qu'il n'y a pas que les Français qui les utilisent.
- Ce sont des médicaments qui existent depuis un certain temps, sur lesquels l'État met une tension énorme sur les prix, qui certainement sont des prix qui n'ont plus rien à voir avec les coûts de fabrication.
- Et à force de tailler, tailler dans les prix, les laboratoires arrêtent de fabriquer.
- Bien sûr.
- Et on se retrouve dans ces conditions-là.
- Oui, c'est le cas de l'insuline, donc c'est dramatique parce que c'est vital de se retrouver quelques jours sans insuline pour des diabétiques, c'est vital.
- Mais il y a énormément de laboratoires qui malheureusement… qui malheureusement fonctionnent comme ça aussi.
- Il y a d'autres molécules.
- Est-ce qu'il ne faudrait pas rappeler, Cyril Colombani, que le médicament est aussi un marché, du moins qui est régi par les conditions du marché ? Les labos pharmaceutiques qui sont mondiaux, parfois, peuvent se détourner du marché français, parce qu'il y a une spécificité chez nous concernant le prix du médicament.
- C'est le cas.
- Le marché français, nous avons le médicament le moins cher d'Europe.
- Oui.
- Le médicament mature, le moins cher d'Europe.
- Le gouvernement est encore en train d'essayer de dire qu'il faut gagner de l'argent sur les médicaments matures, sur les médicaments génériques, qui sont déjà en rupture.
- Parce qu'on parle de la galère que commencent à vivre les diabétiques, mais il y a des millions de Français qui vivent cette galère-là sur plein d'autres produits.
- Parce qu'il y a des antidiabétiques oraux.
- La cétaglipine, par exemple, on n'en a plus du tout.
- Et il y a plein, plein, plein de molécules comme ça.
- J'habite près de la frontière italienne.
- Beaucoup d'Azuréens veulent en Italie acheter leurs médicaments.
- Et le souci, c'est qu'on se retrouve aujourd'hui en France avec des médicaments qui sont dits innovants.
- Je dis qu'ils sont dits innovants parce qu'ils ont ce qu'on appelle un service médical rendu qui est faible.
- Trois ou quatre.
- Donc modérés, ce ne sont pas vraiment des médicaments révolutionnaires.
- Par contre, eux sont remboursés.
- 10 000, 15 000, 20 000.
- 20 000 euros par mois.
- Donc les laboratoires, qu'est-ce qu'ils font ? Comme Sanofi a fait avec le Doliprane.
- Doliprane, c'est du volume.
- Ça n'a pas une rentabilité énorme.
- On vend et on se focalise sur ces médicaments qui sont vendus en plus petit nombre à des sommes astronomiques qui ne sont pas nécessairement des médicaments qui sont les plus utiles pour la population.
- Moins d'un pour cent des médicaments.
- Mais qui sont les plus rentables, c'est ça ? 42% des dépenses de médicaments en France.
- Moins d'un pour cent.
- Moins d'un pour cent des boîtes de médicaments vendues.
- Et l'État n'ayant pas le courage de s'attaquer aux laboratoires...
Transcription générée par IA