Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.
- Il est 7h13, c'est à la une ce matin. Vous avez sans doute été choqués aussi par ces images et ces faits d'un enfant tendu à l'aide sociale à l'enfance par des éducateurs.
- Alors les faits sont déroulés au mois de février dans un foyer éducatif de Paris du 13e arrondissement.
- On ne l'a appris que ces derniers jours. Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête.
- Nous sommes avec Hamza Ben Saten, qui est un ancien enfant placé, qui travaille évidemment sur ce sujet avec une association ADPAP 13.
- Bonjour, merci d'être avec nous.
- Bonjour, merci de votre invitation.
- Première, on va parler de l'aide sociale à l'enfance.
- En fait, en général, puisque visiblement, il y a quand même des soucis.
- Mais déjà sur cette affaire-là, hier, qui a été révélée en ce début de semaine, quelle a été votre réaction à la vue de ces images ? Eliott tendu alors qu'il avait, je crois, 8 ans.
- Oui, j'ai été horrifié de voir ces images, horrifié déjà en tant qu'ancien enfant confié.
- Je me mets à la place du petit Eliott, puisque moi, j'ai grandi dans plusieurs foyers de Marseille et de la région PACA.
- Donc je sais ce que c'est de se retrouver.
- Face à des professionnels, comme je dirais, un peu bancal.
- Et c'est surtout le signe d'une protection de l'enfance qui est aujourd'hui à bout de souffle.
- C'est le signe, en fin de compte, de pas mal de choses, de l'épuisement des professionnels, de l'abandon, en fin de compte, du système de protection de l'enfance.
- Et donc, quand je vois que des professionnels mettent film et postent aujourd'hui l'humiliation qu'ils ont portée à Eliott sur leur réseau WhatsApp, c'est honteux.
- Oui, c'est ça.
- Quand vous dites « il y a un abandon », « il y a un problème de l'aide sociale à l'enfance », qu'est-ce que vous voulez dire ? Parce que je crois qu'on l'a évoqué, mais à Paris et peut-être dans d'autres endroits, il y a des problèmes.
- Alors peut-être pas aussi graves, mais on ne connaît pas tout, bien sûr, quoi.
- En fait, on protège des enfants avec un système fragilisé lui-même, en fin de compte.
- Ou forcément, du coup, ça ne fonctionne pas.
- Aujourd'hui, vous avez pratiquement 400 000 enfants qui sont confiés à l'aide sociale à l'enfance.
- Et en fait, j'ai l'impression que c'est trop peu pour que l'État...
- Combien, vous dites ? 400 000 ? Pratiquement 400 000, oui.
- C'est énorme, quand même, 400 000, quoi.
- Ils viennent d'où, ces enfants ? Ils viennent de la plupart des grandes villes, beaucoup dans le Nord, à Marseille, Paris...
- Non mais il y a des familles qui sont déchirées, qui ne peuvent plus élever leurs enfants, de divorce, d'abandon quasiment d'enfants.
- Tout à fait, c'est des enfants qui...
- Tout à fait, c'est des enfants qui n'ont pas choisi de vivre leur placement.
- C'est des enfants qui sont victimes d'abus de faiblesse, d'abus par leur famille, de maltraitance, d'abandon.
- Et donc, du coup, qui se retrouvent protégés.
- Donc, on les place soit dans des familles d'accueil ou des foyers.
- Aujourd'hui, malheureusement, et moi, je parle pour mon département, par exemple, à Marseille, on a très peu de familles d'accueil.
- On a beaucoup de sites, comme à Paris, de grands sites qui accueillent une centaine d'enfants.
- Et malheureusement, avec des professionnels...
- Des professionnels qui ne sont pas formés, avec des intérimaires, avec du personnel qui a seulement le BAFA, une formation de 5 jours, et qui vient être en présence avec des jeunes.
- Des professionnels qui, eux-mêmes, sont en difficulté, et qui viennent aider d'autres jeunes en difficulté.
- Et donc, du coup, ça crée des dysfonctionnements.
- Ça crée des jeunes qui grandissent avec des troubles psychologiques.
- Ça crée des jeunes qui se retrouvent SDF une fois majeurs.
- Alors qu'on met énormément de moyens.
- Aujourd'hui, ce n'est pas une histoire gérée d'argent.
- C'est une histoire d'ambition.
- On n'a pas porté autour de la protection de l'enfance.
- On a l'impression...
- Qu'est-ce qu'il faudrait, alors, Hamza ? Qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Vous dites, effectivement, ce n'est pas qu'une question d'argent.
- C'est quoi ?...
Transcription générée par IA