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Par avec Philippe Charlez

Comment la Russie arrive-t-elle à livrer son gaz dans le monde entier grâce à la France ?


Pour exporter son gaz par navires dans le monde entier, la Russie utilise des ports européens dont Zeebrugge et Saint-Nazaire, dénoncent des ONG. Ces exportations légales, mais moralement contestables, sont possibles car l’Europe estimait ne pouvoir se passer de gaz russe. Or des experts viennent d’estimer, le 16 novembre, que tel n’est plus le cas. Pour en parler, André Bercoff reçoit Philippe Charlez, expert en questions énergétiques.
Les invités

Ça balance dans Bercoff dans tous ses états

André Bercoff avec Philippe Charlez

Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :

"Eh bien, c'est très simple, il faut comprendre qu'il y a la morale et il y a les intérêts, il y a les paroles et il y a l'action."

André Bercoff : Oui, il y a de l'eau dans le gaz entre le jazz et la java, mais il n'y a pas de l'eau dans le gaz entre la Russie et la France. Comment ? Comment ? Comment ? Ce n'est pas vrai, mais l'embargo, etc. De quoi vous dire ? Eh bien, on va vous dire, on va vous dire ce qu'il se passe. Eh bien, c'est très simple, il faut comprendre qu'il y a la morale et il y a les intérêts, il y a les paroles et il y a l'action. Donc, pour exploiter son gaz par navire dans le monde entier, la Russie utilise des ports européens, dont ZEEBRUGES et dont Saint-Nazaire. Exposition légale, légale, exportation, mais... Eh bien, écoutez, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, c'est très simple, l'Europe ne peut pas se passer du gaz russe. Alors, les ONG ukrainiens, les écolos disent, mais comment ? Comment ? Je croyais qu'on avait l'embargo ? Oui, on a fait l'embargo sur le pétrole brut, on a fait l'embargo sur les carburants, mais l'Union européenne estimant de ne pas pouvoir se passer totalement du gaz russe,[...], ceux-ci sont toujours pas sous sanction. Philippe Charlez, bonjour.

Philippe Charlez : Bonjour.

André Bercoff :Vous êtes expert en question énergétique à l'Institut Sapiens. Vous avez écrit les 10 commandements de la transition énergétique aux éditions VA. Alors, qu'est-ce qui se passe ? Donc, effectivement, l'Europe ne peut pas se passer du gaz russe, donc on fait les aimables courriers transmetteurs.

Philippe Charlez :Alors, on va dire que c'est quand même, on va dire, au milieu du guet. En 2021, nous importions, enfin, notre consommation, c'était 40% de gaz russe qui était essentiellement importé par pipe. Il faut rappeler qu'il y a quatre routes gazières. Si on part de l'ouest vers l'est, on a d'abord le Nord Stream. Alors, le Nord Stream, il n'est plus opérationnel puisqu'il a explosé. On ne va pas s'aventurer d'essayer de dire qui. On n'en sait rien. Deuxièmement, il y a le Yamal, celui qui traverse la Biélorussie et puis la Pologne. Lui, il est opérationnel, mais il ne véhicule plus de gaz aujourd'hui. Il y a toujours deux pipes qui véhiculent du gaz aujourd'hui. Il y a d'un côté, et c'est quand même un pied de nez à l'histoire, c'est celui qui traverse l'Ukraine. Donc, c'est-à-dire que la Russie envoie par ce qu'on appelle le Bro Brotherod, qui veut dire le pipe la fraternité, envoie du gaz à l'Europe. Et donc, en fait, par l'Ukraine. Et donc, à la fois, l'Europe paye des redevances à l'Ukraine pour qu'on lui envoie du gaz de Russie.

André Bercoff : Donc, bénéficiait le gaz, la Russie et l'Ukraine. Les deux en même temps.

"C'est le diable absolu."

Philippe Charlez : Donc, l'Ukraine et la Russie collaborent toujours en matière de gaz. Et puis, on a un autre vraiment plus à l'aise qui s'appelle le Turk Stream, qui traverse donc la Turquie et qui arrive en Bulgarie. Qui livre encore du gaz aujourd'hui. Alors, néanmoins, les volumes ont quand même fortement diminué puisqu'on est passé d'environ 40% de la consommation européenne à 10% de la consommation européenne. Donc, on a quand même baissé d'environ 30%. Il y a un deuxième type d'approvisionnement. Là, on parlait uniquement des gazoducs. Deuxième type d'approvisionnement, c'est ce qu'on appelle le gaz naturel liquéfié. Donc, c'est du gaz qui est liquéfié à température très froide, qui est chargé sur un bateau et qui peut être transporté comme du pétrole, comme un liquide, ce sont les fameux méthaniers. Et donc là, l'Europe a fortement augmenté sa consommation de gaz naturel liquéfié. En fait, ce qu'on peut dire, c'est qu'on n'importe plus de pipe par pipe. On l'importe aujourd'hui en gaz naturel liquéfié, dont une petite partie est du gaz naturel liquéfier russe. Et donc, si on rajoute le gaz naturel liquéfié et le gaz par gazoduc, on est passé d'environ 42% à 15%. Et on peut dire entre 2021 et 2023, on va prendre l'année 2022 qui est une année hybride, puisqu'il y a une moitié normale et une moitié anormale. Mais donc, on va dire qu'on s'est à peu près stabilisé. Et essentiellement, le gaz naturel liquéfié aujourd'hui n'est plus importé, n'est pas importé de Russie massivement, mais surtout des États-Unis, sous forme d'ailleurs de gaz de schiste. Il faut quand même le savoir, la France est la première importatrice de gaz de schiste en Europe via le gaz naturel liquéfié américain.

André Bercoff : Alors qu'on rappelle que le gaz de schiste chez nous est non seulement interdit de l'exploitation.

Philippe Charlez : C'est le diable absolu.

André Bercoff : Voilà le diable. Il ne faut même pas essayer de le repérer.

Philippe Charlez : Même ne pas essayer de le repérer et on se souvient d'ailleurs dans les années 2014-2015 de Ségolène Royale qui voulait interdire à méthaniers alors il était acheté par NJ je crois, c'était une cargaison achetée par NJ, l'interdire d'Accosté à Dunkerque pour livrer son gaz de schiste américain. (...)

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