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Vers le retour de l’uniforme à l’école ?

Natacha Polony revient aujourd'hui sur le port de l'uniforme à l'école. Doit-il être réinstauré ?

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Les parents d’élèves d'école primaire de Provins (Seine-et-Marne) viennent donc de voter pour un uniforme non obligatoire dans les écoles de la ville. Gadget ?

Jean-Michel Blanquer a immédiatement déminé : il ne fait pas de cette pratique "l'alpha et l’oméga" d’une politique éducative. Traduction : je vous jure, ce n'est pas moi qui ai décidé ça, je ne suis pas le ministre de blouses, du tableau noir et des bonnes vieilles méthodes. Ceux qui croient que la modernité consiste à bazarder le passé sans distinguer entre le positif à réinventer et les erreurs à corriger le guettent et seraient ravis de lui coller cette image de passéiste. Parce qu’ils l’ont décidé, tous ces braves gens, l’uniforme, la blouse, tous ces trucs-là sont sans intérêt. Les arguments sont toujours les mêmes : l’uniforme, ça fait militaire. On veut brider la personnalité des jeunes au lieu de les laisser s’exprimer. Ce sont le plus souvent les professeurs qui véhiculent ce genre de clichés, expliquant avec ferveur leur angoisse de se retrouver face à des classes toutes semblables.

Mais les parents, eux, ont visiblement plébiscité ce port de l'uniforme. Pour le primaire en tout cas. Mais paradoxalement, c’est surtout au collège que le vêtement unique, uniforme ou blouse, a son intérêt. Le plus souvent, les parents y voient, à raison, un moyen d’atténuer les différences de classe. Les mauvais coucheurs répondent que les différences se verront sur les chaussures. Peu importe. On les aura gommées, et l’on évitera aux parents de se ruiner en vêtements de marque. Mieux, on apprendra aux enfants que la finalité de l’existence ne se résume pas à un logo sur un bout de tissu. Contrairement à ce que croient les gentils anti-militaristes qui craignent qu’on ne veuille fabriquer des êtres soumis, on apprend ainsi aux enfants que c’est par ce qu’ils ont dans le crâne et pas par ce qu’ils ont sur le corps, qu’ils se distinguent. Et que la vraie soumission, c’est celle qui nous rend esclaves de la consommation. Mais on oublie le principal argument. Dans une société où l’expression de soi, l’affirmation de son identité, passe pour certains par l’identité religieuse, l’uniforme est la seule arme raisonnable contre les signes religieux. Les jeunes filles à qui l’on interdit le voile en sont à mettre des robes longues noires, et le Conseil de la laïcité mis en place par Jean-Michel Blanquer est obligé de rappeler que ces jupes ou robes sont parfois des signes religieux.

Mais quand la République en est à mesurer la longueur du tissu, elle a déjà perdu. Le vêtement commun est la seule manière de mettre un terme à ce genre de manifestation. Ça ne suffira pas, mais c’est finalement le meilleur outil d’intégration.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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