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Macron annonce sa réforme pénale : l'éducation est impossible sans sanction

Le président de la République a annoncé des mesures sur les peines de prison. Mais son discours manquait d'une réflexion plus large pour remettre la prison au cœur d'autres problématiques, comme l'éducation.

 

Avant-hier, le président de la Républiquea annoncé ses mesures sur les peines de prison. Or, ce débat ne peut pas être conduit indépendamment d’un débat sur la justice et même au-delà. On ne peut pas avoir un débat sur la justice, un débat sur les peines de prison et pas un débat sur l’éducation, parce que l’éducation, par exemple, est impossible sans sanction.

Le président de la République nous a dit qu’il allait nous parler des prisons, puisque c’était de ça dont il s’agissait, pour l’essentiel. Au-dessous d’un an de prison, les peines seront donc aménagées et les petites peines ne seront pas exécutées sous forme de prison. D’ailleurs, en-dessous de six mois, on ne prononcera plus de peine de prison.

Le problème, c’est que nous vivons dans une société où l’urgence est de sanctionner les petits délits, parce que la carrière d’un délinquant commence presque toujours par des petits délits. C’est notre plus gros sujet aujourd’hui, notre plus gros défi. En particulier la délinquance juvénile et celle des adolescents.

Si le voyou qui a commis un délit rentre le soir, ou le matin, libre dans son quartier, il devient un héros, un exemple. Ça, il faut absolument l’empêcher.

C’était l’histoire de New York, où l’insécurité était très grande et où on a appliqué le principe que la punition commençait au carreau cassé. Il n’y a pas de délit sans punition et il faut absolument que les petits délits soient sanctionnés, sinon, il n’y a aucune éducation possible.

On n’a donc pas parlé de ce qu’on faisait des élèves violents, ceux qui tabassent leurs professeurs, on n’a pas parlé non plus de ce qu’on allait faire des parents qui frappent des enseignants.

Hier, un tribunal a rendu un jugement sur une mère qui avait giflé le professeur de sa fille et a prononcé un an de prison ferme. Donc que va-t-on faire ? Elle ne fera pas un an de prison, mais quelles autres peines de substitution ? Ça ne peut pas être simplement un bracelet. Se pose la question de l’autorité parentale dans ce cas, parce que l’exemple est désastreux.

Peut-être faudrait-il faire une différence très nette entre les violences physiques et les autres. Ce sont les pires. Je me souviens d’un employé de l'Assemblée nationale, qui porte secours à un couple de personnes âgées agressé par une bande de petits jeunes. Il se fait tabasser à mort, il en garde des séquelles terribles pour toute sa vie. Mon premier sentiment, ce n’est pas de penser à la réhabilitation, la réinsertion de ces jeunes. C’est de les chercher et de les condamner sans aucune compassion.

On peut toujours argumenter sur la prison, mais alors on ne punit plus. Et on peut faire plusieurs formes de prisons. On a besoin de centres d’éducation fermés pour les élèves violents qui pourrissent la vie de tout le monde à l’école.

Quand on supprime l’autorité parentale à des parents qui donnent des exemples déplorables, c’est une autre peine mais c’est une vraie peine.

On doit avoir ce souci absolu du rôle de la punition, qui est la contrepartie de la responsabilité dans une société civilisée. Et les majorités précédentes ne l’ont pas eu non plus puisque c’est en 2009 qu’on a décidé que les peines inférieures à deux ans seraient la plupart du temps aménagées.

Aujourd’hui, l’espèce de violence anomique qui se répand devient invivable pour tout le monde et pour l’équilibre social. C’est ce qui manquait sans doute au discours d’Emmanuel Macron, remettre ce discours sur la prison au cœur de problématiques beaucoup plus larges.

Comment vit-on en société, dans le respect des uns et des autres, en punissant les délinquants, en particulier les délinquants violents, qui sont la pire des menaces pour la société ?

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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