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Le retour de la chorale à l’école

À l'occasion de la Fête de la Musique, le ministre de l'Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, en a profité pour promouvoir les chorales à l'école.

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Il y a actuellement 300 000 collégiens inscrits dans des chorales et le ministre veut atteindre le million. Mais il veut surtout promouvoir le chant choral comme mode d’entrée dans la musique.

L’ambition est louable : les cours de musique avec leurs flûtes à bec au son criard dégoûtaient des générations. Et la France, depuis des décennies, était incapable de former des mélomanes, c’est-à-dire des gens simplement sensibles à la musique, disposant d’un minimum de connaissance leur permettant de ne pas se sentir totalement étrangers à ce patrimoine classique qui pourtant peut potentiellement émouvoir n’importe quel être humain.

On sent bien que le ministre insiste sur la musique classique. Et les éternels égalitaristes, qui détruisent consciencieusement l'école depuis trente ans, ont immédiatement crié à l'élitisme. Puisque les élites ont accès à la musique classique, la musique classique est élitiste, donc il faut l’éviter. Ce qui aboutit en effet à la réserver aux élites. On a fait la même chose avec toute la littérature classique.

Mieux, on entend ressurgir les discours sur le fait qu’il faut parler de toutes les musiques, en particulier du rap, pour valoriser la culture des jeunes de banlieue. Alors, mettons les choses au point. Le rap est tout à fait intéressant, mais justement, les élèves y ont accès, c’est ce qu’ils écoutent spontanément. L’école ne leur apprendra rien en leur faisant écouter la musique qui est déjà dans leur environnement.

Le rôle de l’école, c’est au contraire de dépayser, de faire découvrir ce qu’on ne connaît pas, d’offrir aux plus modestes ce qu’ils n’auront pas par héritage. Ça ne signifie pas qu’il faille se cantonner aux quatuors à cordes. Ce qu’on appelle une œuvre classique, c’est une œuvre dont le recul du temps a prouvé qu’elle donnait accès à l’universel. C’est la musique classique au sens strict, c’est le jazz, ce sont certaines chansons qui confinent à la poésie, ce sont même certains morceaux de funk qui inspirent les meilleurs rappeurs d’aujourd’hui, comme ceux d’Herbie Hancock, mais que les jeunes ne connaissent pas.

On en revient toujours aux mêmes débats sur l’école.

C’est un peu désespérant. Il faut encore et toujours rappeler, même à certains professeurs, que confronter des enfants à la beauté, les laisser s’émouvoir, est le plus beau cadeau qu’on puisse leur faire, bien plus que de valoriser leur supposée identité.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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