Ça devient difficile à suivre en Italie : Giuseppe Conte a renoncé, et c’est Carlo Cottarelli, ex-cadre du FMI, qui va être nommé président du Conseil.
D’abord, un petit point constitutionnel. En Italie, le Président de la République n’a aucun pouvoir, il n’est là qu’à titre honorifique, comme garant de l’unité de la nation et du respect de la constitution, mais c’est lui qui nomme les membres du gouvernement, qui doivent être approuvés par la majorité, et il a le droit de dissoudre les deux Chambres. Conclusion, Sergio Mattarella, censé être une sorte d’arbitre neutre, a décidé d’utiliser tous les outils en son pouvoir pour torpiller l’alliance entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Il a donc refusé le ministre des Finances qui était proposé : Paolo Savona, économiste farouchement hostile à la monnaie unique, et habitué à la dénoncer dans des termes peu aimables pour la puissance allemande. En fait, il refuse tous ceux que pourraient proposer les deux leaders du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue puisqu’il s’érige en défenseur du Bien contre tous ceux qui pourraient être tentés de jouer les aventuriers.
Son attitude a été saluée par les marchés financiers, la bourse italienne a aussitôt pris deux points. Pas étonnant. Sergio Mattarella a choisi de nommer Président du Conseil Carlo Cottarelli, ancien fonctionnaire au FMI et surnommé Monsieur Ciseaux pour son habitude de couper dans les dépenses de santé ou d’éducation. Le plus drôle, c’est que Giuseppe Conte s’est pris des tombereaux d’injures du monde entier parce qu’il était inexpérimenté et homme de paille des deux partis de la coalition, mais Carlo Cottarelli, tout aussi inexpérimenté, est présenté comme tout à fait respectable. Il faut dire qu’il correspond aux critères de l’oligarchie internationale. Il est là pour rassurer les marchés. D’ailleurs, il suffisait de lire la presse allemande ces dernier jours pour comprendre ce qui se joue : on y fustigeait ces paresseux qui veulent que l’Allemagne règle leurs dettes. Or, la thèse de Paolo Savona, l’économiste refusé au poste de ministre des finances, est un peu différente : il analyse l’euro comme une monnaie calibrée pour l’Allemagne, et qui lui a permis de s’enrichir au détriment de ses voisins : les Italiens, et nous. Alors, si excité et peu sympathique qu’il soit, il rejoint la lecture de quelques autres, de Jean-Luc Gréau à Jacques Généreux en passant par feu Maurice Allais.
Question : quelle doit être la position de la France, là dedans ? Evidemment, c’est l’affaire du peuple italien, mais la France serait bien inspirée de rappeler que le peuple a voté, plutôt que de hurler avec les loups financiers. Il vaut toujours mieux être du côté de la démocratie.
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