Pour moi, c'est une réforme hypocrite qui n’affiche pas son but véritable. Il y a le côté pile et le côté face. Le côté pile tout d'abord : c'est une réforme pleine de bonnes intentions, qui permet de sortir du maquis des retraites, avec des régimes différents, des droits différents, selon privé le ou le public, selon les métiers que vous faites, selon que vous ayez des régimes spéciaux... L'apparence de cette réforme c'est un système égalitaire pour tout le monde, où l’on acquiert des points tout au long de la vie, au prorata du travail que l’on fournit. C’est l’argument choc : un système égalitaire, qui peut être contre ?
Mais il y a un côté face…Car faire passer tout le monde sous la même toise : c’est le contraire de l’égalité. Pour l’illustrer, un exemple, la pire des inégalités, c’est celle face à la mort : les hommes cadres vivent 6 ans de plus que les hommes ouvriers. La prise en compte de la pénibilité ou de la dangerosité est donc un enjeu majeur dans le système des retraites. Or, c’est évidemment balayé avec la réforme de la retraite par points. Et il y a un autre danger majeur : c’est que la valeur du point, qui le décide ? C’est le gouvernement, évidemment ! C’est lui, chaque année, qui aura la faculté : ajuster la valeur du point pour que le régime de retraite soit à l’équilibre. Or si la conjoncture est moins florissante : il y aura moins de cotisants…. Il y aura donc un ajustement immédiat avec moins de pensions.
C’est exactement ce qui s’est passé en Suède, au moment de la grande crise financière. Et c'est le danger qui menace la France. Un effondrement brutal du pouvoir d’achat des retraités comme ce qu’ont connus les retraités suédois. C’est ce qui menacera les retraités français. D’où un risque majeur : basculer vers le régime du chacun pour soi, pour amortir le choc, c'est le risque que prospère, à coté du régime par répartition, un nouveau régime par capitalisation. En clair que l’on bascule progressivement d’un système de solidarité collective vers un système d’assurance individuel.