Thomas Piketty formule une proposition de grande importante. Pour défendre l’indépendance de la presse, il propose la création de sociétés de médias à but non lucratif, pouvant être financées par des dons de citoyens, dons qui pourraient être défiscalisés. Il s’agirait de créer des sociétés de presse sur un principe de ‘non-profit’ comme disent les Anglo-Saxons.
Elle n’est pas vraiment nouvelle. À la Libération, toute la presse, tous les journaux se reconstruisent sur un principe d’indépendance de sorte qu’il y ait une Muraille de Chine entre la presse et les puissances d’argent.
C’est ainsi que Le Monde invente, par tâtonnements successifs, en 1952, le modèle d’un journal qui soit entièrement la propriété de ses journalistes. Modèle qui sera copié 20 ans plus tard par Libération.
Autre piste, à la même époque, d’autres journaux, de droite comme de gauche, créent le modèle de la coopérative ouvrière, c’est le cas du Parisien Libéré, du Courrier Picard ou encore du Dauphiné Libéré.
Mais ensuite, tous ces journaux, autrefois indépendants, ont cessé de l’être et ont été croqués, les uns après les autres, par des milliardaires dont ce n’est pas le métier.
L’idée présente deux avantages. Primo, celui de souligner l’actualité du combat pour l’indépendance de la presse, en des temps où la boulimie de quelques milliardaires ne cesse de la menacer, confère les grandes manœuvres qui ont repris autour du capital du journal Le Monde avec en embuscade, le milliardaire tchèque Kretinsky.
Et secundo, celui de mettre la puissance publique face à ses responsabilités. Une puissance publique jusqu’à présent très accommodante pour ces puissances d’argent et très peu soucieuse du droit de savoir de ses citoyens.