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Sandrine Rousseau : "La décroissance ça n’a pas tellement de sens économique"

Sandrine Rousseau, candidate à la primaire écologiste, était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 2 septembre 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Sandrine Rousseau, interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le 2 septembre 2021 à 7h40.

Sandrine Rousseau : "le discours que je porte détonne dans le paysage politique"

La rentrée de Sandrine Rousseau a été émaillée de quelques erreurs, mais elle confirme que "le discours que je porte, dans tous les cas, et qui est un discours qui détonne dans le paysage politique, a l’air de prendre et d’intéresser les gens". "Oui, je suis évidemment satisfaite", déclare-t-elle au sujet de sa rentrée. "Je pense que ça correspond aussi à une envie, dans la société, d’avoir des personnes politiques qui portent des discours courageux, et c’est ce que je fais."

 

"Aujourd’hui, la radicalité est absolument indispensable"

Stéphane Le Foll, invité le 1er septembre 2021 dans la matinale de Sud Radio, a critiqué la radicalité de Sandrine Rousseau. "Aujourd’hui, le fait d’être pragmatique et le fait d’être raisonnable, c’est de regarder les rapports du GIEC et de regarder tout ce qu’il s’est passé cet été, et de se dire que nous avons 5 ans pour agir", lui répond la candidate à la primaire écologiste. "On a 5 ans pour modifier notre trajectoire en matière d’émissions de CO2 et de perte de biodiversité."

Si la France ne parvient pas à ce faire, "on risque le pire", juge Sandrine Rousseau. "Aujourd’hui, la radicalité est absolument indispensable." Elle concède qu’il va y avoir "un changement de société" car changer la politique énergétique n’est pas simple, "mais aujourd’hui, on a l’obligation de le faire sans quoi on s’expose à des risques majeurs pour nous, pour nos enfants". Pour elle, il faut avoir "le courage politique de dire que oui, il nous faut diminuer notre consommation de biens. Par contre, ça ne veut pas dire notre consommation de services, etc."

"La décroissance ça n’a pas tellement de sens économique"

Cette position, radicale, Sandrine Rousseau l’assume tout comme elle assume qu’elle conduira à une remise en cause de notre société : "bien sûr". Ce sera une remise en cause "de notre système de consommation de masse et de production", explique la candidate. Pour autant, "moi je suis économiste, et la décroissance, ça n’a pas tellement de sens économique, en vrai", rassure-t-elle. "Une société écologique, c’est une société où on consomme plus de culture, plus de sport" et où sont développés des services et des logements ou encore les transports. "C’est pas moins d’activité : c’est simplement une activité qui émet moins de carbone."

 

"Il nous faut diminuer de 80% nos émissions de CO2 d’ici 2030"

Certains pensent à d’autres moyens de lutter contre l’accumulation de carbone, mais pour Sandrine Rousseau, ces techniques, encore expérimentales voire théoriques, ne sont pas "à la hauteur des enjeux". "Il nous faut diminuer de 80% nos émissions de CO2 d’ici 2030", rappelle-t-elle. "Au niveau mondial", concède-t-elle, "mais en France aussi". "C’est énorme l’effort que nous avons à faire", un effort qui nécessite de "véritablement transformer notre manière de vivre ensemble".

Pour elle, ce changement radical ne peut pas se faire "sans une réforme sociale profonde, parce qu’on a besoin de protéger les personnes qui sont les plus fragiles dans notre société", explique la candidate à la primaire écologiste. Il faut, selon elle, faire travailler ensemble la question sociale et la question écologique, seule solution, et non inventer "des bidules qui capteront quelques tonnes de CO2 mais qui ne nous permettront pas du tout d’être à la hauteur des enjeux".

 

La France doit retrouver son rôle d'éclaireur sur la question écologique et sociale

Autre problème du changement radical de société : les pays sous-développés qui espèrent atteindre le niveau de confort et le mode de consommation des pays industrialisés. "Ils devront eux aussi faire des efforts", estime Sandrine Rousseau, bien qu’elle estime qu’ils ne seront pas en charge du "principal des efforts".

La candidate à la primaire écologiste tient à souligner l’importance que doit représenter l’écologie dans les discussions et les échanges diplomatiques entre la France et les autres pays, notamment la Chine ou encore les États-Unis "qui sont aujourd’hui parmi les principaux émetteurs de carbone". "La France a eu ce rôle d’éclaireur, dans l’Histoire", juge Sandrine Rousseau. "Nous devons retrouver cela sur la question écologique et sociale."

 

Sandrine Rousseau : "il faut arrêter d'acheter sur Amazon"

En termes d’actions concrètes que tout un chacun peut faire au quotidien, Sandrine Rousseau juge qu’acheter "sur Amazon, en effet, je pense qu’il faut arrêter, oui". Mais, surtout, "la chose qui nous met le plus en danger aujourd’hui, c’est le CO2", souligne la candidate, alors que celui-ci est "totalement gratuit". "Dans notre société, tout se paye, sauf le carbone", analyse-t-elle. Elle annonce : "il va falloir un prix du carbone à 200 voire 250 euros d’ici 5 ans".

Concernant le nucléaire, "comment vous faites pour maintenir des centrales nucléaires alors qu'on risque des sécheresses ou des inondations et que le nucléaire a absolument besoin d'un approvisionnement en eau constant ? interroge-t-elle. La question de la transition énergétique doit être posée en termes d'énergie renouvelable mais le nucléaire n'est pas la solution. Il nous faut affronter ça démocratique pour choisir ensemble la trajectoire, et ce qui n'a pas été fait pendant la crise du Covid", déplore-t-elle.

 

"Petit à petit, on s'enferme dans une société de surveillance sur laquelle il nous faut être vigilants"

Sur la question du Pass sanitaire, si Sandrine Rousseau appelle à la vaccination, "la santé est un bien commun, plus on aura de personnes vaccinées, plus l'épidémie sera contenue", estime-t-elle, elle reste beaucoup plus sceptique sur le Pass sanitaire, qui est, selon elle, "un moyen de contrôle que l'on a délégué aux restaurateurs, aux personnes qui tiennent des structures culturelles. Il y aura d'autres crises qui viendront dans le cadre du réchauffement, c'est une certitude. Si à chaque fois qu'il y a une crise on surveille davantage et on met davantage d'autoritarisme, on ne s'en sortira jamais et on créera des anticorps et des rébellions, c'est ce qu'on est en train de vivre en France actuellement".

D'après la candidate à la primaire écologiste, "on bafoue les droits essentiels des personnes depuis le début de cette crise, notamment l'éducation qui est à la base de notre société. Petit à petit, on s'enferme dans une société de surveillance sur laquelle il nous faut être vigilants".

 

Sandrine Rousseau : "Il faut légaliser le cannabis !"

Emmanuel Macron qui est à Marseille, a affirmé la nécessité de s'attaquer aux trafiquants de cannabis mais aussi sur les consommateurs. "Je suis à l'opposé de sa position sur la gestion des drogues, affirme Sandrine Rousseau, qui estime que l'usage des drogues est une question de santé publique. Pour elle, il faut légaliser le cannabis, parce que c'est une porte d'entrée vers d'autres consommations. À partir du moment où vous légalisez, vous contrôlez la qualité des produits qui sont dedans, les personnes et les circuits de distribution. On est le pays où la consommation de cannabis augmente le plus fortement en Europe alors qu'on est le pays le plus répressif", tient-elle à rappeler.

"Il nous faut fiscaliser cette consommation, comme le tabac ou l'alcool, ce qui nous permet d'avoir une politique de santé publique importante. C'est une drogue douce, exactement comme l'alcool et les cigarettes, explique-t-elle, on doit avoir une politique de santé publique autour de cela et lutter activement contre des trafics de drogue dure et internationaux, qui en plus alimentent tous les réseaux d'attentats. Il nous faut des moyens importants pour lutter contre le trafic international de drogue".

 

"Qui est prêt à nous suivre si en 5 ans on sort des pesticides et des engrais chimiques ? Jean-Luc Mélenchon a dit que ça l'intéressait"

Sur le plan politique, Sandrine Rousseau est-elle plus proche aujourd'hui de la France Insoumise que de Yannick Jadot et certains du parti des écologistes ? s'interroge Patrick Roger. "Je suis proche de tout le monde et je tends la main à tout le monde ! affirme-t-elle. Je suis au sein de ma famille politique, on partage 90% de nos programmatiques. Je porte une écologie sociale et radicale, qui dit qu'en 5 ans, nous devons changer radicalement notre modèle social et économique pour faire face aux défis qui sont les nôtres".

"La question que je pose à gauche : qui est prêt à nous suivre si en 5 ans on sort des pesticides et des engrais chimiques ? Jean-Luc Mélenchon a dit que ça l'intéressait, souligne la candidate à la primaire écologiste, le PS doit répondre à cette question ! Yannick Jadot porte une ligne politique différente, les primaires servent précisément à choisir une ligne politique. Je présente ce que je veux porter, aux électeurs et électrices de choisir".

 

 

 

 

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