Les routiers entrent en action ce lundi pour manifester leur opposition aux ordonnances gouvernementales appelées à réformer le Code du travail, qui entrent en vigueur cette semaine. Invité du Grand Matin Sud Radio, Alain Arquier, représentant CGT des conducteurs routiers, déplore ainsi la levée rapide du barrage routier auquel il prenait part à Toulouse. "Le barrage a été levé à la demande express de la gendarmerie. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, ça avait déjà été le cas l’an dernier lors de la loi El Khomri où les gendarmes arrivaient dans le quart d’heure ou la demi-heure qui suivait la mise en place d’un barrage", précise-t-il.
Actuellement en pleine assemblée générale, les routiers de Toulouse discutent "des entreprises [qu’ils vont] cibler" cette semaine, selon Alain Arquier, qui se félicite de l’accueil reçu ce matin par les conducteurs bloqués. "Nous avons eu une bonne écoute de la part des conducteurs qui étaient volontairement bloqués, contrairement à ce qu’il se passait ces dernières années. Là, au contraire, ils étaient contents d’être avec nous, comprennent tout à fait nos revendications et contestent totalement les ordonnances Macron", assure-t-il.
"Demain, les routiers français se mettront eux-même en concurrence"
Rappelant que ces ordonnances "vont précariser les salariés, qui sont déjà très précaires", le syndicaliste pointe un contexte général très pénalisant pour les routiers. "Aujourd’hui, on subit déjà la concurrence des pays de l’Est. Les salaires sont tirés vers le vas, les entreprises d’offres de transport cherchent des transporteurs toujours moins chers. Demain, avec les ordonnances Macron, ce sont les salariés français qui se mettront eux-mêmes en concurrence entre eux", s’alarme-t-il.
Quant à l’argument selon lequel les entreprises françaises auraient besoin de ces ordonnances pour faire face à cette concurrence européenne, Alain Arquier le balaye d’un revers de main. "La solution est peut-être de relever le niveau de vie des pays de l’Est. Nous, salariés français, ne pouvons pas vivre avec 500 euros par mois. C’est impossible, or c’est ce qui va arriver demain ! C’est ce qui se passe aujourd’hui en Roumanie, en Pologne, en Hongrie… Ces routiers travaillent pour 500 euros ! Et il faut voir dans quelles conditions ils vivent quand ils sont sur le sol français... Il y a la barrière de la langue mais on arrive à échanger et à voir les conditions de vie déplorables qu’ils ont en France puisqu’ils passent le week-end sur les aires de repos des autoroutes. Ils n’ont pas de sanitaires, pas de frigos adaptés, ils mangent des trucs périmés… C’est une calamité !", se désole-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview d’Alain Arquier dans le Grand Matin Sud Radio