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Florence Bergeaud-Blackler : "L'Europe s'est trompée sur les Frères musulmans"

Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue et auteure de Le Frérisme et ses réseaux (Éditions Jacob), était l'invitée de "Bercoff dans tous ses états" le 28 juin 2023 sur Sud Radio.

Florence Bergeaud-Blackler
Florence Bergeaud-Blackler, invitée d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Selon Florence Bergeaud-Blackler, les Frères musulmans ont pénétré les institutions européennes sans que ces pays ne s'en aperçoivent. Selon elle, même la science subit aujourd'hui leur influence.

 

Florence Bergeaud-Blackler : "Les Frères musulmans sont adeptes de l’islamisation de la connaissance"

"Depuis les années 1980, les Frères musulmans ont commencé à penser ce qu’ils appellent l’islamisation de la connaissance. C’est-à-dire qu’on va penser la politique, la science, la connaissance dans le cadre de l’islam. Et tout ce qui n’est pas conforme à l’islam sera exclu. L’idée est d’arriver à penser l’ensemble des disciplines de la science ou de la gouvernance dans ce cadre-là et former des personnages qui vont ensuite être placés ou activés dans des milieux : au ministère de l’Intérieur, au ministère de la Justice… Des personnages qui vont s’assurer que ce qui est produit est compatible avec l’islam", a raconté Florence Bergeaud-Blackler.

 

"‘Orientaliste’ devient un gros mot"

Comme l’explique Florence Bergeaud-Blackler, il est impossible de faire de la recherche sur les musulmans sans être soi-même musulman. "Ils vont s’appuyer sur un certain nombre de théories wokistes ou islamo-gauchistes qui interdisent un traitement particulier de l’islam. ‘Orientaliste’ devient un gros mot, parce que ce n’est pas pensé du point de vue de l’acteur musulman. C’est la controverse avec Edward Said. Ces idées vont se diffuser dans l’université par les indigénistes en particulier, par des mouvements altermondialistes… En fait, tous les ‘alters’ qu’on va voir naître dans les années 1980-1990 vont porter ces interdictions, ces nouvelles formes de censure qu’on appelle aujourd’hui wokisme. C’est par là que les Frères musulmans imposent une certaine façon de penser la science ou en tout cas la recherche sur l’islam. Il est impossible aujourd’hui de faire de la recherche sur l’islam sans dire ‘je suis musulman’ ou en tout cas ‘je suis ami avec les musulmans’.

 


Ils ne cessent de nous dire qu’ils veulent un autre monde et que ce qui les anime, c’est la charia, c’est la loi de Dieu. Quand une jeune fille dit ‘je porte un hijab’, elle dit : ‘ce n’est pas mon père ou mon frère qui m’oblige, c’est Dieu’. C’est bien l’obéissance à Dieu, c’est bien la loi de Dieu qu’elle respecte."

 

"En Algérie, les Frères musulmans ont rencontré une hostilité frontale"

Selon Florence Bergeaud-Blackler, l’Europe n’a pas vu arriver les Frères musulmans et n’a pas su prendre les bonnes décisions. "Ils se sont imposés en Algérie exactement de la même manière qu’en Europe. Sauf que dans les pays traditionnellement musulmans ils ont été repérés comme des gens fous, fanatiques et donc un peu dangereux. Tandis qu’en Europe on les a pris plutôt pour des Européens, des gens très polis, qui parlent bien le français, qui se sont bien adaptés au milieu et qui ne voulaient surtout pas s’en prendre à l’État. Alors qu’en Algérie ça a été une hostilité frontale."

 

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Retrouvez “Le face à face” d'André Bercoff chaque jour à 12h30 dans "André Bercoff dans tous ses états" Sud Radio.

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