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Éric Anceau : "Dans l’Égypte pharaonique, celui qui ne payait pas l’impôt était supplicié"

Éric Anceau, professeur d'histoire contemporaine, était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 1er février 2023 sur Sud Radio.

Éric Anceau
Éric Anceau, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Éric Anceau est auteur du livre "Histoire mondiale des impôts : de l'Antiquité à nos jours" (Éditions Passés composés).

 

Éric Anceau : "Pendant la Révolution, on a mis en place quatre contributions, qu’on a appelées les quatre vieilles"

Comme l’explique Éric Anceau, l’impôt est une chose très ancienne. "On parle d’impôt depuis que les États existent. L’impôt existait déjà dans la cité d’Ur, en Mésopotamie, mais aussi en Péloponnèse, la civilisation mycénienne, l’Égypte pharaonique. À partir du moment où vous avez un État, il faut payer les employés de l’État, les fonctionnaires comme on dirait aujourd’hui. Il faut se protéger des voisins, donc on érige les murailles, et ça coûte cher. Et il faut une armée. Ce sont donc les premières dépenses qui ont suscité l’impôt."

Y a-t-il eu dans l’histoire des États où on ne payait pas d’impôt ? "Monaco a été un État souverain, indépendant, mais qui regardait en même temps ce qui se passait en France. Pendant la Révolution, on a mis en place en France quatre contributions, qu’on a appelées les quatre vieilles. Et Monaco s’est calé sur nos quatre contributions. Et à un moment donné ça a été dramatique pour eux : ils ont vendu monnaie sonnante et trébuchante à la France deux communes qu’ils possédaient, Menton et Roquebrune. Il a donc fallu trouver de nouvelles ressources. Et c’est là que le souverain Charles III, au début des années 1860, a eu l’idée de créer ce casino, qui a dépassé toutes ses espérances. Toute l’aristocratie européenne s’y est précipitée, ça a été une manne financière énorme. Il a exempté d’impôt tous ceux qui s’installent à Monaco", a raconté Éric Anceau.

"On a toujours eu, depuis la nuit des temps, des révoltes contre l’impôt"

Au fil de l’histoire, l’impôt a pesé de plus en plus. "Au 19e siècle, autant que les historiens de l’économie puissent le chiffrer, l’impôt, c’était 5% du PIB en France. À la veille de la guerre de 1914, on est déjà à 10%. Et aujourd’hui, on est de l’ordre de 45%. Vous voyez un peu l’inflation. Dans l’OCDE, la France est le deuxième pays, après le Danemark, où l’impôt est le plus élevé."

Comment les différents États parvenaient-ils à obtenir le consentement de leurs sujets à l’impôt ? "On agit principalement par la force et la contrainte. Dans l’Égypte pharaonique, celui qui ne payait pas l’impôt était supplicié. Quand le peuple estimait que l’imposition était trop forte, il estimait que le jeu valait la chandelle de se révolter. Et on a toujours eu, depuis la nuit des temps, des révoltes contre l’impôt. Mais il y a des souverains plus intelligents que les autres, qui ont recherché le consentement. L’exemple que je donne toujours, c’est le petit-fils de Charlemagne, Charles le Chauve, qui va prendre un édit en 864, où il s’adresse à ses collecteurs d’impôt en disant : 'vous devez quand même arriver à une forme de consentement de mes sujets pour éviter les révoltes'. Le percepteur, c’est tout un art, c’est 'tondre le mouton sans le faire saigner', comme disait Colbert.

Et puis il y avait certaines exemptions. Les prêtres étaient exemptés. Les nobles, les artistocrates aussi, car c’est eux qui portent les armes, qui défendent la cité, le royaume. On disait donc qu’ils payaient l’impôt du sang, ils étaient donc privilégiés par rapport aux communs des mortels", a fait savoir Éric Anceau.

 

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Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h30 dans "Bercoff dans tous ses états" Sud Radio.

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