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Jean-Paul Brighelli : "Aujourd’hui les familles n’éduquent plus du tout"

Par Jean Baptiste Giraud

Jean-Paul Brighelli, essayiste et auteur de "L'École à deux vitesses" (Éditions de L'Archipel), était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 18 septembre 2023 sur Sud Radio.

Jean-Paul Brighelli
Jean-Paul Brighelli, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Comme l'explique Jean-Paul Brighelli, l'école est un formidable vecteur de reproduction sociale. Quant à son rôle d'éducation, il est abandonné depuis 1932.

 

Jean-Paul Brighelli : "D’un côté, on a la fabrique des dirigeants, et de l’autre côté, la fabrique des dirigés"

On dit que l’école ne fonctionne plus. Jean-Paul Brighelli partage-t-il cet avis ? "Pas du tout. C’est un trust qui fonctionne extrêmement bien grâce aux diverses lois qui l’ont mis sur pied. Ceux qui pensent que l’école ne fonctionne pas se trompent complètement : elle fait exactement ce pour quoi on l’a programmée. Elle produit 10% de cadres auto-proclamés eux-mêmes fils de cadres auto-proclamés et 90% de consommateurs", a-t-il répondu.

 

Comme l’explique Jean-Paul Brighelli, l’école est un formidable moyen de reproduction sociale. "Depuis qu’on est passés à un régime démocratique, il y a une nouvelle démocratie qui essaie de se perpétuer. Elle ne peut pas se perpétuer par la naissance, c’est fini. Elle se perpétue en inscrivant ses enfants dans les établissements qu’il faut, en payant des écoles privées. D’un côté, on a la fabrique des dirigeants, et de l’autre côté, la fabrique des dirigés."

"Si à la maison l'enfant est petit roi, il se croit grand prince à l’école"

Comment cette reproduction s’opère-t-elle ? "Il y a tout d’abord la carte scolaire. Quand vous êtes né dans un ghetto, vous allez à l’école du ghetto. L’école du ghetto est ethniquement pure, il y a très peu de Français de souche. Et pendant ce temps, ceux qui habitent le 5ème arrondissement vont à Henri IV, Louis le Grand… et s’ils veulent se donner un air libertaire, ils vont aller à Stanislas, à la rigueur à l’École alsacienne. Je le dis à tous les auditeurs : ce n’est pas parce que vos enfants n’ont pas tété Louis le Grand avec le lait de leur mère qu’ils sont idiots."

Selon Jean-Paul Brighelli, l’école a été détruite en trois temps. "Il y a eu la loi sur le collège unique de 1976. Il y a eu la loi Jospin, qui mettait l’élève au centre. En d’autres mots, le savoir n’était plus nulle part, l’élève construisait lui-même quelque chose dont il n’avait pas l’idée. Et il y a eu le Protocole de Lisbonne, qui a occulté les savoirs au profit des compétences."

 


Jean-Paul Brighelli dénonce aussi le fait que l’école ne fait plus d’éducation. "Condorcet dit : 'L’instruction, c’est l’affaire de l’État, l’éducation, c’est l’affaire des familles'. En 1932, on décide de renommer le ministère de l’Instruction publique en Éducation nationale. Cela en dit long sur le repli qui s’opère, sur le fait que les familles commencent à ne plus éduquer. Aujourd’hui, les familles n’éduquent plus du tout. Disons-le : l’enfant est une bête brute, un puits de pulsions. S’il n’y a pas l’école et la famille pour les canaliser, si à la maison il est petit roi, il se croit grand prince à l’école."

 

 

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