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Caroline Galactéros : "Pour les États-Unis, la guerre au Proche-Orient est une humiliation"

Par Jean Baptiste Giraud

Caroline Galactéros, politologue et docteur en sciences politiques, était l'invitée d’André Bercoff sur Sud Radio le mercredi 8 novembre 2023 dans "Bercoff dans tous ses états".

Caroline Galactéros
Caroline Galactéros, invitée d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Caroline Galactéros dirige par ailleurs le think tank GEOPRAGMA.

 

Caroline Galactéros : "Le rôle des États-Unis régresse relativement"

L'époque de la toute-puissance des États-Unis est-elle terminée ? "Je pense que le rôle de l’Amérique dans le monde est en train de changer tout simplement parce que l’échiquier mondial change. Désormais, de grands acteurs se lèvent et s’entendent. Forcément, le rôle des États-Unis, leur idée de nation exceptionnelle régresse relativement. Tout leur souci est d’empêcher ce retrait, cet isolement, cet affaiblissement. La guerre entre Israël et le Hamas est une occasion pour les États-Unis de montrer de nouveau qu’ils sont là et qu’il va falloir compter avec eux. En même temps, la question est aussi : 'comment ne pas aller trop loin dans l’interventionnisme ?'.

 


Et que dire de la situation de l'Ukraine ? "Je pense que militairement, là, l'échec de cette interminable contre-offensive de plus de cinq mois est maintenant avéré. Les chefs militaires américains et même les politiques l'avouent. Le chef d'État-major ukrainien vient de le dire clair et net jusque dans les colonnes de The Economist. Et d'ailleurs, l’un de ses lieutenants s'est fait assassiner dans la foulée. Donc, le pouvoir ukrainien est en très, très mauvaise passe. Et c'est toute la question", a répondu Caroline Galactéros.

"Sur l’Ukraine, la messe est dite depuis très longtemps"

Les États-Unis doivent-ils aider l’Ukraine ? "Ça veut dire, aider l'Ukraine ? Est-ce que ça veut dire aider le peuple ukrainien ou ce régime-là avec lequel nous avons fait un accord assez méphistophélique ? On découvre qu'entre un tiers et la moitié des crédits alloués à l'Ukraine s'évaporerait dans la corruption, dans le trafic d’armes. Il faut arrêter de prendre les gens pour des truffes, comme on dit vulgairement. De toute façon, militairement, l’Ukraine n'a plus les moyens de non seulement tenir face à la Russie, mais aussi renverser le rapport de forces. C'est là que la messe était dite depuis très longtemps. Simplement, les États Unis font durer l'illusion, ne peuvent pas abandonner aussi sèchement, après avoir expliqué que la victoire était au bout du fusil. De ce point de vue-là, ce qui se passe au Moyen-Orient est une très heureuse et inespérée diversion pour les États Unis, parce que c'est quand même un fiasco. C'est une humiliation considérable. Pour moi, on se perd moralement dans ce conflit parce que c'est un conflit militairement sans issue. C'est un conflit qui montre combien l'autre partie du monde, que ce soit la Russie mais derrière elle, tous les autres, ne sont plus déterminés à se laisser faire", a répondu Caroline Galactéros.

Et l’Europe doit-elle aider l’Ukraine ? "Notre économie est un désastre. Donc, on a vraiment péché par ignorance, par arrogance et par présomption épouvantable. On est complètement anachroniques par rapport au reste du monde, il faut le reconnaître. Et plus vite on le reconnaîtra, plus vite on sauvera les meubles et même on pourra mettre de la cire dessus, sinon ça va très mal se passer pour l’Occident."

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