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Benoît Rittaud : "La guerre froide a donné l'occasion d’avoir peur de la fin du monde"

Par Jean Baptiste Giraud

Benoît Rittaud, enseignant-chercheur en mathématiques à l’université Paris 13, était l'invité d’André Bercoff sur Sud Radio le jeudi 9 novembre 2023 dans "Bercoff dans tous ses états".

Benoît Rittaud
Benoît Rittaud. invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Benoît Rittaud est auteur de Mythes et légendes écologistes (Éditions L’Artilleur).

 

Benoît Rittaud : "Pendant la Guerre froide, il y a un double discours sur la fin du monde"

Selon Benoît Rittaud, il existe un mythe autour de la fin du monde, brassé à différentes sauces à travers les décennies. "On a tout un discours qui peut être démonté scientifiquement, on le fait depuis longtemps, mais ça ne suffit pas. Ça ne change pas le discours des personnes en vue, des éditorialistes, des décideurs. Face à ce discours, on doit aussi s’intéresser à un autre terrain, qui est le terrain mythologique, au sens premier du terme. C’est vraiment une nouvelle mythologie qui s’installe. Ce sont des choses qui relèvent de la croyance et pas du tout de la compréhension ni de la science. C’est la classique opposition entre le logos et le mythos, qui avait été faite par les Grecs. Si vous attaquez le mythe au moyen de la science, vous ne gagnerez pas."

 


Comment est né le mythe de la fin du monde, de la catastrophe climatique qui arrivera si on ne fait pas telle ou telle chose ? "Je crois que cette peur qui continue à nous habiter est un héritage de la guerre froide. La guerre froide a été une occasion nouvelle d’avoir peur de la fin du monde. Là, pour le coup, la peur de la guerre nucléaire était tout à fait rationnelle. Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas arrivée qu’elle n’était pas inquiétante. On a un peu oublié aujourd’hui ce que c’était. Mais pour ceux qui ont vécu et qui s’en rappellent, on était inquiets tous les jours. Donc, pendant la Guerre froide, il y a un double discours sur la fin du monde causée par la guerre atomique et la fin du monde pour des raisons environnementales.

Au-delà de ça, va s’installer un récit fondateur qui ne va plus bouger. Selon ce récit, l’homme, à travers sa propre puissance, est en train de détruire la planète. Au début des années 1970, on a donc ce mythe-là de la fin du monde créée par l’homme", a rappelé Benoît Rittaud.

Surpopulation, épuisement des ressources, pluies acides, couche d’ozone et, finalement, le climat

Comme l’explique Benoît Rittaud, au fil des décennies ce mythe a changé. "À la fin des années 1960, c’est la surpopulation qui inquiète les esprits. C’est Paul Ehrlich qui lance ça avec son livre The Population Bomb (La Bombe P). Gros succès de librairie. Les humains sont trop nombreux, on va épuiser la Terre, et ça va être la catastrophe. Ensuite, nous sommes au bord de la catastrophe écologiste à cause de la pollution. On l’a vu avec Rachel Carlson le Club de Rome. Et c’est l’épuisement des ressources. C’est également à ce moment-là qu’on voit pour la première fois la Terre de l’espace, et elle a l’air petite. C’est complètement idiot, c’est tout simplement parce qu’on la regarde de loin. Donc, de là naît l’idée que le monde est petit et qu’on est sur le point de tout consommer.

 


Ensuite, on a la période pluies acides. On l’a oublié aujourd’hui, mais pendant plusieurs années, on avait peur que les pluies détruisent les forêts. On a aussi eu le trou dans la couche d’ozone. C’était une bonne façon de raconter la fin du monde : l’ozone va disparaître, et on sera tous grillés par l’ultraviolet. Et, à partir des années 2000, nouvel épisode : le climat", a raconté Benoît Rittaud.


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