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Triés, nettoyés, rangés: les jouets d'occasion se pomponnent pour Noël

Soigneusement rangés dans la boutique d'une recyclerie de la banlieue parisienne, des jouets d'occasion ont réussi un examen intransigeant: autorisés à revenir dans le circuit, ils pourront finir dans la hotte du Père Noël.

Julie SEBADELHA - AFP

Soigneusement rangés dans la boutique d'une recyclerie de la banlieue parisienne, des jouets d'occasion ont réussi un examen intransigeant: autorisés à revenir dans le circuit, ils pourront finir dans la hotte du Père Noël.

Sur une table, sont étalées les pièces d'un ranch Playmobil récemment donné par un particulier. Elles vont être minutieusement triées et nettoyées.

"On retrouve des vis, on retrouve des bonbons, tu sais qu'ils sont restés là depuis 15 ans...", explique en souriant Julia Ferrand-Michel, responsable de la ressourcerie Emmaüs La P'tite Boutique à Chaville (Hauts-de-Seine), de l'association Espaces.

Elle repère un cheval en plastique intrus, qui n'est pas Playmobil. Le verdict tombe: pas de marquage CE, qui indique que le produit répond aux normes de sécurité, ce cheval n'est donc "pas conforme à la vente". Direction pour lui le recyclage.

S'il n'y a pas ce marquage, "c'est une contrefaçon assimilée", il ne faut donc pas le "remettre dans le circuit. Il y a une attente autant du consommateur que des fabricants", assure Matthieu Goutti, responsable de la filière jouets chez Ecomaison, organisme chargé de la collecte, du réemploi et du recyclage des jeux et jouets.

Une fois le tri effectué, un lot sera reconstitué puis vendu dans la boutique de jouets de la ressourcerie, installée dans la galerie commerciale vieillissante d'un immeuble des années 60. Il offrira ainsi une alternative à l'achat de jouets neufs.

- 1 euro -

Des vêtements et des jouets dans La P'tite Boutique, à Chaville, dans les Hauts-de-Seine, le 7 novembre 2025

Des vêtements et des jouets dans La P'tite Boutique, à Chaville, dans les Hauts-de-Seine, le 7 novembre 2025

Julie SEBADELHA - AFP

Outre les associations, des bornes de collecte sont installées dans les magasins de jouets et, pour les plus abîmés, en déchetteries.

Le jouet bénéficie depuis 2022 d'une filière dédiée à son recyclage et son réemploi. En 2024, ce sont 38.000 tonnes qui ont été collectées par Ecomaison mais 2.400 tonnes seulement ont pu être remises en circulation.

La ressourcerie de Chaville, elle, en reçoit une tonne chaque mois, valorisés par une vingtaine d'employés en insertion.

Armé d'un spray de vinaigre blanc et d'un torchon, Samuel Djaki Djollo, 25 ans, s'attaque à une voiture rose pour poupées: "cette belle voiture que nous avons ici" sera vendue pour "un euro, parce qu'il manque les personnages", explique-t-il.

Il colle deux étiquettes avec le prix, puis la range soigneusement sur les étagères, auprès des autres voitures.

Le système repose également sur les bénévoles, comme Chantal Amouroux, enthousiaste retraitée de 71 ans, qui aime "redonner vie aux jouets, éviter qu'ils ne partent à la poubelle ou (au) recyclage".

Elle passe des heures à trier, laver, créer des emballages avec une photo. "Les Barbie, je les lave à la main", explique-t-elle, "elles sont coiffées, shampouinées, recoiffées". Les Duplo vont "tremper dans un mélange d'eau et de bicarbonate. Les Playmobil sont tous lavés avec une lingette".

- "Changer le regard sur l'occasion" -

Des employés installent des jouets en rayon à La P'tite Boutique, à Chaville, dans les Hauts-de-Seine, le 7 novembre 2025

Des employés installent des jouets en rayon à La P'tite Boutique, à Chaville, dans les Hauts-de-Seine, le 7 novembre 2025

Julie SEBADELHA - AFP

Quant aux jeux de société, s'il manque le dé, il suffit de piocher dans la "boîte à dés". "Hors de question" d'envoyer un jeu au recyclage juste pour ça, lance Julia Ferrand-Michel.

L'occasion représentait 7,1% des ventes totales de jeux et jouets en 2024, soit 1,2 point de plus sur un an, selon une enquête du cabinet Circana et d'Ecomaison publiée en mai. Avec des achats de plus en plus portés par des préoccupations écologiques.

Dans la recyclerie, l'enjeu est double: c'est "un chantier d'insertion. Il est essentiel pour nous de pouvoir vivre de cette activité", souligne Julia Ferrand-Michel.

Mais "le prix ne suffit pas" alors, dans la boutique, "on casse un peu le code de la seconde main": fini le bazar dans lequel il faut fouiller longuement, place à des rayons soigneusement rangés, par thèmes, avec de belles vitrines.

Ecomaison travaille ainsi avec les associations "à changer un peu le regard" sur l'occasion, pour répondre aux attentes du "nouveau consommateur", enclin à "aller vers la seconde main pour des raisons écologiques mais en s'attendant à avoir un univers qu'il connaît sur le neuf", détaille Matthieu Goutti.

Par Julie CHABANAS / Chaville (France) (AFP) / © 2025 AFP

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