Leurs retrouvailles étaient scrutées depuis longtemps : elles ont eu lieu en direct (mais à distance) sur SUD RADIO. Entre différend idéologique, malaise stratégique et tensions personnelles, le contentieux est vif et parfois bruyant depuis plusieurs mois entre les deux défenseurs de la souveraineté nationale que sont Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) et Florian Philippot (Les Patriotes). Un fossé qui s'est creusé depuis les Législatives 2022 puis les Européennes 2024 au cours desquels les deux hommes n'ont pas trouvé de terrain d'entente pour former une liste commune.
Invités de « Bercoff dans tous ses états », Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot s'en sont expliqué, faisant parfois monter les décibels, mais se sont entendus sur la possibilité d'une primaire souveraineté. Reste à déterminer la forme et les conditions... En revanche, tous deux sont parfaitement alignés dès lors qu'il s'agit de désigner leur "ennemi n°1" : le Rassemblement National.
Philippot : « Il n'y a pas de guerre mais... »
« Je ne rentrerai pas dans l'idée qu'il y a une guerre ou quoi que ce soit parce que je pense que ça ne ferait le jeu que de nos adversaires et de ceux qui veulent absolument diviser, a d'abord souligné Florian Philippot (Les Patriotes). Mais je veux quand même rétablir deux ou trois choses. Sur les Européennes, ça ne s'est pas passé comme ça. Nous étions sur le point de faire une liste et Nicolas Dupont-Aignan était le tête de liste (…) Et juste avant, trois jours avant une conférence de presse, Nicolas nous a rappelé en disant finalement je ne le fais pas (...) Il n'y a pas de guerre, on le refera. Ce n'est pas grave si pour une fois, pour un événement, il n'y avait pas tout le monde. »
Dupont-Aignan : « Je suis pour une primaire souverainiste »
Sur l'idée d'une primaire des souverainistes lancée par Philippot en vue de la Présidentielle 2027 (et en cas de Législatives anticipées si Emmanuel Macron venait de nouveau à dissoudre l'Assemblée nationale ces prochains mois), Nicolas Dupont-Aignan l'a affirmé sans détour : « Je suis tout à fait pour. Mais il faut qu'il y ait tous les souverainistes qui participent. Et sur les Européennes, s'il n'y a pas eu de liste commune, c'est parce que je pensais que c'était une folie de partir dans deux listes face à face avec Asselineau (Union Populaire Républicaine). Je pense qu'il faut unir tous les souverainistes et rassembler tout le monde (...) Avec Florian Philippot, au-delà des petites susceptibilités des uns des autres, il y a la capacité à travailler. Mais s'il faut une primaire, il faut que tout le monde puisse s'exprimer en même temps. »
Philippot : « 3 candidats à la présidentielle, ce n'est pas bon »
« Je prends acte que Nicolas Dupont-Aignan soit favorable à la primaire souverainiste : il n'avait pas dit la même chose il y a quelques temps mais moi, je ne suis pas candidat à la présidentielle. Il y en a trois déjà, chez les souverainistes : Juan Branco, François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan. Je pense que ce n'est pas bon. Ce n'est pas le meilleur signal que de se lancer dans une présidentielle dans son coin sans créer une dynamique de rassemblement et d'union. »
Dupont-Aignan : « Cesser les enfantillages !»
Mais pour le président de Debout la France, pas question de répondre au cadre fixé par Philippot :« Il y a des conditions à mettre en place. Pour qu'il y ait des primaires souverainistes, il faut qu'il y ait des gens qui y participent et qui aient un bon esprit. Il faut qu'Asselineau y participe, il faut qu'il y ait d'autres. On ne va pas se retrouver uniquement Florian Philippot et moi. En attendant, il y a une élection présidentielle. Il faut s'y préparer parce que le grand danger que je vois... J'ai eu 600 signatures. Je suis le seul à avoir tourné dans toutes les communes de France, à avoir ses maires. Florian Philippot a eu une signature à la dernière présidentielle. François Asselineau n'a pas eu les signatures (...) Je veux qu'on dépasse Debout la France, je veux qu'on dépasse les Patriotes. Les Français veulent qu'on prenne de la hauteur. De grâce, la condition pour qu'il y ait ce travail en commun, c'est de cesser les enfantillages. »
Philippot : « Le Rassemblement National est un problème »
Et Philippot d'insister : « Je dis simplement qu'on ne s'en sortira pas s'il y a des multiplications de candidatures souverainistes qui feront 1 ou 2%, que ça ne sert à rien. Moi, je ne suis pas candidat, je l'ai annoncé. Je pense qu'il faut laisser sa chance aux primaires, au peuple souverainiste qui choisira (...) Moi, je ferai des choses demain avec Debout La France et Nicolas Dupont-Aignan. Il n'y a pas d'esprit de polémique chez moi, il n'y en a jamais eu (…) Le problème, c'est le Rassemblement National. J'ai proposé les primaires depuis bien longtemps et que je critique le RN parce que c'est un parti qui a trahi, qui a abandonné le Frexit, qui a abandonné tout, et qui ne veut même pas destituer Macron, ni voter les motions de censure (…) Il faut donc prendre de la hauteur par rapport à cela. Il faut sauver notre pays, et je suis sûr que quand on fera tous la très grande manifestation, comme en Angleterre, avec tous nos drapeaux français, on se retrouvera tous dans la rue, côte à côte. »
Dupont Aignan : « La chasse aux sorcières du RN »
« Il y a un éléphant dans la pièce : c'est effectivement le Rassemblement National qui à force de suivre les sondages, à force de vouloir plaire au système, a abandonné tout patriotisme et finalement ne veut d'union avec personne, c'est clair. Il rejette tous les alliés qu'il pourrait avoir. Mais c'est plus grave encore, il les rejette parce qu'il pense que s'il y a Dupont-Aignan, ça va nous faire perdre des voix. Comme ils ne veulent pas de Zemmour et de Knafo ou Marion Maréchal (…) Cette espèce de chasse aux sorcières du Rassemblement National, contre toute personne qui a des convictions, qui a du caractère, qui a une intelligence, qui a de la liberté (…) A un moment, les Français vont comprendre que le Rassemblement National ne joue pas le jeu. »