Le narcotrafic continue bel et bien de gangrener la ville de Marseille. Après l’assassinat de Mehdi Kessaci en guise d’avertissement pour son frère, la DZ Mafia s’infiltre désormais au sein du tribunal de Marseille. En effet, selon les premiers éléments de l’enquête menée par la cellule anticorruption du parquet de Marseille, deux femmes âgées de 24 et 26 ans auraient consulté à plusieurs reprises des fichiers judiciaires permettant d’identifier l’ouverture d’enquêtes, des personnes placées sur écoute ou l’avancée de dossiers criminels, notamment liés à des assassinats.
La première aurait agi entre 2023 et 2025 pour son compagnon, lui-même impliqué dans un trafic de stupéfiants. Elle a été mise en examen pour détournement de la finalité d’un traitement de données personnelles et placée sous contrôle judiciaire, avec interdiction de retourner au tribunal de Marseille.
Argent, cadeaux et voyages contre des infos confidentielles
La deuxième aurait consulté une cinquantaine de fichiers entre 2024 et 2025, dont huit relatifs à des dossiers d’assassinats. Elle est soupçonnée d’avoir transmis les informations à son ex-petit ami, cousin d’un chef de la DZ Mafia. En échange, elle aurait perçu des virements d’un total de 3 600 euros ainsi que plusieurs avantages comme un loyer potentiellement pris en charge et des voyages.
Elle a été mise en examen pour détournement de fichiers, violation du secret professionnel et révélation d’informations sur une enquête criminelle. Son ex-petit ami a lui aussi été mis en examen pour corruption active et recel de fichiers confidentiels. Le parquet a demandé une détention provisoire pour les trois mis en cause mais les juges s’y sont opposés, décision dont le parquet a fait appel.
18 dossiers étudiés par la cellule anticorruption
Cette affaire constitue le premier dossier débouchant sur des mises en examen depuis la création en octobre de la cellule anticorruption du parquet de Marseille. Il s'agit d'une structure chargée d’endiguer une « corruption de basse intensité ». Cette structure infiltre au fur et à mesure les administrations exposées au narcotrafic : la justice, la police, le service des douanes et les collectivités locales.
Dix-huit dossiers sont aujourd’hui étudiés par ce service. En avril, une greffière du même tribunal avait déjà été mise en cause. Elle était soupçonnée d’avoir transmis des informations à son compagnon trafiquant.