Comme depuis plusieurs années, l’heure est à l'inquiétude et à la colère dans le monde agricole. Vent debout face au projet portant sur le Mercosur, les agriculteurs d’Occitanie se sont rassemblés à l'occasion de la visite d’Emmanuel Macron à Toulouse.
La phrase de la semaine dernière n’est pas passée inaperçue. En effet, lors de sa visite en Amérique du Sud, le président de la République a déclaré, après un entretien avec ses homologues brésilien, argentin ainsi qu’avec la présidente Von der Leyen, être “plutôt positif” concernant les accords sur le Mercosur. Un revirement, puisque le chef de l’État se disait radicalement contre il y a un an.
Feu vert de la France ?
Mais pour donner son feu vert, la France attendra des garanties sur les fameuses clauses miroirs. C’est-à-dire qu’il serait impossible d'importer des produits n’appliquant pas les normes imposées à nos propres agriculteurs. Ainsi, pas de bœuf argentin gavé aux hormones de croissance interdites en France, ni de céréales brésiliennes cultivées avec des produits phytosanitaires également interdits dans l’Hexagone.
.@LPanifous, ministre en charge des relations avec le Parlement : "En l'état, le #Mercosur n'est pas acceptable" #GrandMatin https://t.co/QKa5Efuc2W pic.twitter.com/tma4eOwio1
— Sud Radio (@SudRadio) November 12, 2025
Accord ou pas accord ?
Si tous les voyants semblent indiquer qu’une signature se profile, les parlementaires, eux, continuent la résistance. Même la ministre de l'Agriculture a encore montré la volonté de lutter contre le projet tel qu’il est aujourd’hui : “La France est contre l’accord tel que l’a négocié la Commission il y a un an à Montevideo. Aucun citoyen, aucun agriculteur ne peut entendre que ce qui est interdit en Europe serait subitement toléré pour des produits importés.”
Accord ou pas accord, avec ou sans clauses miroirs, dans toute cette cacophonie, les agriculteurs se sont mobilisés pour montrer leur mécontentement. Au micro de Sud Radio, Romain Blanchard, secrétaire général adjoint de la FNSEA, donne son avis sur les clauses miroirs.
“Aujourd'hui, ce qu'il faut savoir, c'est que les douanes n'ont pas les moyens d'appliquer des contrôles systématiques. Il y a une délégation européenne qui est allée au Brésil pour pratiquer des prélèvements, qui sont quasiment tous revenus positifs à l’ostradiol”, raconte le viticulteur avant de reprendre.
Le mirage de la clause miroir
“Ce qu'on nous propose pour les clauses miroirs, c'est une attestation sur l'honneur comme quoi ils n'ont pas utilisé d’ostradiol. De qui se moque-t-on ? Est-ce qu'aujourd'hui, pour la sécurité alimentaire des Français, vous accepteriez qu'on fasse passer la législation qu'on veut en Europe, mais qu'on se contente d'une attestation sur l'honneur de tous les produits ?” déclare l'agriculteur.
Largement préoccupé par les accords sur le Mercosur, l’homme des Bouches-du-Rhône en appelle à la mobilisation massive des Français : “Cet été, avec l’épisode de la loi Duplomb, il y a 2 millions de nos concitoyens qui ont signé une pétition parce qu'ils voulaient de la sécurité sanitaire sur l'alimentation. Avec ce qu'on s'apprête à importer massivement chez nous, comment ça se fait qu'il n'y ait pas 20 millions de personnes qui signent une pétition contre le Mercosur ?” questionne le membre de la FNSEA.
La colère des paysans contre Macron sur le Mercosur@perikolegasse :"C'est une virevolte ! C'est plus qu'une ambiguïté" #LaFranceDansTousSesEtats pic.twitter.com/ZNdR503ncz
— Sud Radio (@SudRadio) November 12, 2025
L'agriculture la plus durable du monde, c'est l'agriculture française
Étant l’un des derniers pays membres de l’Union européenne à résister sur cet accord, la France va-t-elle continuer à lutter face à Bruxelles ? Pour le viticulteur, continuer à résister va de soi :
“Si on a des convictions, si on se bat pour une agriculture de qualité, l'agriculture la plus durable du monde, c'est l'agriculture française. C'est aussi un problème de santé publique. D'abord, c'est toute l'agriculture, c'est notre souveraineté, c'est un pan entier de l'économie, c'est la vie de toute notre ruralité. Si ça ne vaut pas la peine de se battre pour ça, je ne sais pas pourquoi il faut qu'on se batte.” conclut-il.