Réponse collective avec quatre invités aux profils complémentaires : Isabelle Verecchia, déléguée générale de la Fondation du Groupe M6, Blandine Langlois, DRH du Groupe Les Échos – Le Parisien, Emmanuelle Deselco, rédactrice en chef de l’émission, et Hugues Defoy, directeur général par intérim de l’AGEFIPH.
Réinsertion professionnelle : un engagement à long terme
Isabelle Verecchia a ouvert la discussion en évoquant le travail de la Fondation M6, engagée depuis 15 ans dans la réinsertion des personnes détenues. “C’est un sujet clivant, mais nécessaire”, affirme-t-elle. Avec 60 000 ex-détenus libérés chaque année, l’accès à l’emploi devient un facteur essentiel pour éviter la récidive. Une démarche “gagnant-gagnant”, selon elle.
Le Groupe M6 mise sur un travail discret mais assumé : les collaborateurs n’ont pas connaissance du passé judiciaire des personnes accompagnées. “Certains ne veulent pas y participer, et c’est respecté. Mais avec le temps, une culture d’ouverture s’est installée”, explique-t-elle. Pour les salariés qui s’y investissent, c’est une véritable source de fierté.
Inclusion : quand l’authenticité fait la force
Du côté du Groupe Les Échos – Le Parisien, Blandine Langlois défend une approche fondée sur la sincérité : “Notre engagement doit d’abord être une conviction, sinon il ne peut pas nourrir notre marque employeur.” Elle rappelle que les entreprises sont jugées autant sur leurs actions que sur leur alignement avec les valeurs qu’elles prônent.
Organiser des journées comme Inclusiv Day est un levier pour renforcer le sentiment d’appartenance des salariés. “Mais tout le monde ne cautionne pas, et certains estiment même qu’on ne va pas assez loin. Ce débat fait partie du chemin”, confie-t-elle. Elle souligne aussi le lien entre l’image de l’entreprise et son rôle sociétal : “En tant que média, on ne peut pas se permettre de ne pas refléter la diversité du monde que l’on observe.”
Politique handicap : structurer et accompagner
Avec 4,21 % de collaborateurs en situation de handicap, le groupe Les Échos – Le Parisien est encore en-deçà de l’objectif légal des 6 %, mais progresse, notamment via des partenariats avec des associations comme Tremplin.
Hugues Defoy (AGEFIPH) insiste sur l’importance d’un diagnostic pour structurer une politique handicap efficace. “On part d’une photographie précise, puis on construit une feuille de route. Ensuite, place à l’action, avec des référents, des plans d’accompagnement et parfois des conventions de financement.”
Depuis sa création, l’AGEFIPH a co-construit plus de 1300 plans d’action avec des entreprises de toutes tailles. Elle accompagne aussi les salariés confrontés à un handicap survenu en cours de carrière, avec des adaptations horaires et des dispositifs sur mesure.
Genre, santé, handicap : vers une approche globale
Enfin, Blandine Langlois a rappelé l’importance d’aborder aussi les problématiques spécifiques aux femmes. L’endométriose, par exemple, a conduit l’entreprise à mettre en place des aménagements de temps de travail. Une conférence sur la ménopause a également été organisée. “Le fait que certaines collaboratrices acceptent de témoigner est en soi un signe de confiance”, souligne-t-elle.
L’inclusion est-elle encore perçue comme un sujet de communication ou devient-elle enfin une culture d’entreprise ? Dans un monde du travail en quête de sens, les marques qui oseront une inclusion sincère auront sans doute une longueur d’avance.
Retrouvez aussi notre article sur l'inclusion et l'emploi : Inclusion et handicap : une utopie RH ou un levier de performance ?
Tous les samedis, retrouvez "Faut que ça change", un miroir tendu entre ceux qui prennent les décisions et ceux qui vivent le handicap au quotidien, pour un moment de radio intense, humain et authentique avec Anthony Martins Misse.