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Harcèlement scolaire : en 2024, 3 fois plus d'appels recensés au 3018

Par Justine Houllé

Le harcèlement scolaire, une situation qui concerne aujourd'hui, en moyenne, plus d'un élève par classe en France, selon les résultats de l'"Enquête harcèlement 2023" réalisée par le ministère de l'Éducation nationale. Accentué par les réseaux sociaux, le harcèlement et le cyberharcèlement touchent chaque année 5% des élèves du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 4% des lycéens. Décryptage avec Samuel Comblez, directeur du 3018.

Dans une cour de récréation, une élève se cache les yeux, à l'écart de deux autres jeunes filles qui se moquent d'elles. La jeune fille isolée semble victime de harcèlement scolaire
Monkey Business Images

Le harcèlement en nette progression parmi les enfants scolarisés en primaire : c'est ce que révèle la quatrième étude annuelle "Caisse d'Épargne-Association e-Enfance 3018" sur le harcèlement et le cyberharcèlement chez les 6-18 ans. Une situation pour le moins inquiétante et qui va de pair avec les inscriptions sur les réseaux sociaux, notamment pour les enfants entre "8 et 10 ans", qui ont "plus que doublé" en à peine "2 ans", d'après les chiffres de l'étude. Explications avec Samuel Comblez, psychologue clinicien spécialiste des enfants et directeur du 3018, le numéro national d'aide et d'écoute pour les victimes de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement.

Lutte contre le harcèlement scolaire : "on en fait déjà beaucoup, mais jamais suffisamment".

En fait-on suffisamment pour lutter contre le harcèlement ? "On en fait déjà beaucoup, mais jamais suffisamment", estime Samuel Comblez au micro de Maxime Trouleau. Le directeur du 3018 salue la mise en place, par l'Éducation nationale, du "programme Phare, qui vise aujourd'hui à sensibiliser les équipes enseignantes et les élèves" et qui a, entre autres, "mis en place un certain nombre de mesures" pour lutter contre le harcèlement sous toutes ses formes. Pourtant, "la journée de lutte continue à exister", de même que "la souffrance infligée à beaucoup d'élèves aujourd'hui", déplore le psychologue spécialiste des enfants. La preuve, selon lui, "qu'on a encore besoin de sensibiliser les professionnels", mais surtout "les parents qui, parfois, sous-estiment la violence que les jeunes peuvent vivre dans les classes" et en dehors.

"D'ici à la fin de l'année 2024, on aura reçu à peu près 150 000 appels" au 3018, soit "3 fois plus que l'année précédente".

"Malheureusement, le harcèlement est une problématique qui n'est pas en diminution", poursuit Samuel Comblez. "D'ici à la fin de l'année 2024, nous aurons reçu à peu près 150 000 appels [au 3018], soit 3 fois plus que l'année dernière [, où nous n'avions reçu que 50 000 signalements]. Tous les jours, [le 3018] reçoit entre 400 et 500 appels et une vingtaine d'écoutants sont là au quotidien pour y répondre". Néanmoins pour le psychologue spécialiste des enfants, il faudrait "au minimum doubler cet effectif" pour être plus efficace dans les réponses à apporter aux situations de harcèlement. Dans cette lutte qui s'apparente à un "travail de longue haleine" pour Samuel Comblez, l'objectif est avant tout de "dire aux victimes qu'elles ne sont pas seules et qu'on peut les aider".

"Ton problème, c'est mon problème" : la nouvelle campagne de sensibilisation de lutte contre le harcèlement 2024-2025 dévoilée le 07 novembre à la Sorbonne.

À l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement, qui se déroule chaque année le 07 novembre, un événement "Non au harcèlement" a été organisé à la Sorbonne. Regroupant une centaine d'élèves, la ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet, mais aussi des associations et des personnalités publiques, la journée avait pour intention de sensibiliser, une nouvelle fois, au harcèlement et à ses conséquences, parfois mortelles pour les victimes. Pour l'occasion, une campagne de sensibilisation a été dévoilée, accompagnée d'un slogan fort : "Ton problème, c'est mon problème".

Un choix de mots que Samuel Comblez, directeur du 3018, valide. "Que l'on soit témoin, professeur, [élève], on a tous une responsabilité pour aider les victimes et on doit interpeller celles et ceux qui peuvent [le faire]". Pour appuyer sur la nécessité d'agir rapidement, le psychologue spécialiste des enfants rappelle une triste réalité : "souvent, le silence, la honte, la culpabilité [ressentie par] la victime [implique] que la situation [de harcèlement] perdure pendant des mois. [Idem quand] les victimes ne savent pas vers qui se tourner".

Lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement : le 3018, un "signaleur de confiance auprès de tous les réseaux sociaux".

Depuis le 1er janvier 2024, le 3018 est devenu le numéro national "unique" de signalement des situations de harcèlement et de cyberharcèlemet entre élèves. Désormais, il peut véritablement être considéré comme le "signaleur de confiance auprès de tous les réseaux sociaux", se félicite son directeur, Samuel Comblez. Géré par l'association e-Enfance, le numéro est gratuit, confidentiel, ouvert tous les jours de l'année, 7 jours sur 7, de 9h à 23h... tout en s'adaptant à son temps ! En effet, depuis 2021, le 3018 accompagne également les jeunes victimes de violences numériques. Écoute, sensibilisation, intervention... telles sont les missions quotidiennes du 3018.

Par ailleurs, les équipes du 3018 interviennent régulièrement dans les établissements scolaires, notamment pour faire de la prévention sur les risques liés au numérique. En 2021, 150 000 élèves ont d'ailleurs été sensibilisés aux "usages responsables d'Internet et aux violences numériques". L'association e-Enfance a, en outre, le mandat pour intervenir auprès des réseaux sociaux, particulièrement quand il est question de supprimer des contenus préjudiciables. Si nécessaire, le 3018 peut aussi orienter les utilisateurs vers plusieurs services de prise en charge psychologique ou juridique.

Ainsi, face à ce "problème de société", il est "nécessaire d'apporter une réponse efficace" aux victimes et à leurs familles qui, souvent, "se sentent délaissées, impuissantes, pas écoutées", défend Samuel Comblez. Dès lors pour le psychologue spécialiste des enfants, une exigence : "quand un enfant se plaint de harcèlement, il faut systématiquement pouvoir lui trouver une solution !".

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