Il y a des gouvernements qui partent... et des mesures qui, peut-être, restent. C'est le cas de la taxation des pourboires, une des nombreuses pistes budgétaires envisagée par feu le gouvernement de François Bayrou pour tenter de réduire la dette de la France. Pour les professionnels de la restauration, la mesure inquiète autant qu'elle indigne.
Les personnels de la restauration vent debout contre la réintroduction de la taxe sur les pourboires en 2026
Depuis son entrée en vigueur en 2022, le dispositif de défiscalisation des pourboires s'adresse aux salariés rémunérés moins 1,6 SMIC. Une mesure qui fonctionne, notamment dans le secteur de la restauration où les conditions de travail, parfois le maigre salaire, peinent à attirer de nouvelles recrues. Et pourtant, le 31 décembre 2025, le dispositif est censé prendre fin.
Pour le gouvernement Bayrou, qui cherchait par tous les moyens à faire une quarantaine de milliards d'euros d'économies dans le budget 2026, qui dit fin de l'échéance dit possible réintroduction de la taxe sur les pourboires. Problème : salariés comme patrons de la restauration contestent cette annonce et appellent au maintien de la défiscalisation des pourboires.
💸 Taxe sur les pourboires en 2026 : les restaurateurs exigent sa suspension
— Sud Radio (@SudRadio) September 5, 2025
🗣️ "41 % des salariés envisageraient de quitter le secteur si les pourboires étaient imposés."
💬 Laurent Barthelemy, président national @UMIH_France pic.twitter.com/jQ3RGmROLK
Selon deux enquêtes menées à l'initiative de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), remettre en cause l'exonération fiscale et sociale des pourboires pourrait avoir des conséquences néfastes sur "la motivation, le pouvoir d’achat et l’attractivité des métiers de l’ensemble des cafés, hôtels, restaurants, discothèques, traiteurs" du pays. En effet, près de 8 salariés sur 10 (76%) se disent inquiets face à la possibilité de payer des impôts et cotisations sur leurs pourboires. Si la proposition du gouvernement était appliquée, 4 salariés sur 10 (41%) envisagent même de quitter le secteur. Côté employeurs, 91% se disent inquiets par cette annonce et 90% craignent même un turnover accru de leurs équipes.
"Rapprocher le brut du net" : la solution magique ?
Interrogé ce matin sur ce point par Maxime Lledo dans "L'invité politique Sud Radio", le ministre démissionnaire de l'Industrie et de l'Énergie Marc Ferracci a ouvert la porte à une alternative : celle de plutôt privilégier "une meilleure rémunération" du travail des salariés... en rapprochant "le brut du net".
Il s'explique : "Est-ce que le fait de ne pas taxer les pourboires permet de mieux valoriser le travail ? Moi, je suis plutôt favorable à ce qu'on aborde les choses d'une manière plus globale. Je suis pour que tous les salariés aient une meilleure rémunération de leur travail. Ça suppose de réfléchir à, sur la fiche de paie, rapprocher le brut du net, pour faire en sorte que le salaire soit moins taxé".
.@FerracciMarc (ministre démissionnaire de l'Industrie et de l'Énergie) : "Je suis pour que tous les salariés aient une meilleure rémunération de leur travail... Il faut réfléchir à rapprocher le brut du net" #GrandMatinhttps://t.co/0qgsLu01kR pic.twitter.com/64I8aIfS0M
— Sud Radio (@SudRadio) September 12, 2025
Reste à savoir maintenant si, avec l'arrivée à Matignon d'un nouveau Premier ministre, l'idée de fiscaliser les pourboires sera toujours dans les petits papiers de Bercy...