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Equipe de France de judo - médecine dentaire : le double projet d'exception de Blandine Pont

INTERVIEW SUD RADIO – Vice-championne d’Europe de judo en 2023, Blandine Pont vient de signer un retour gagnant à l’Open de Prague après huit mois d’absence liés à une rupture des ligaments croisés. À 26 ans, la Toulousaine poursuit un double défi hors norme : viser une qualification pour les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, tout en achevant son cursus de chirurgie dentaire.

Blandine Pont, vice-championne d'Europe de Judo et étudiante en chirurgie dentaire
Blandine Pont of France reacts after her women's -48kg final gold medal bout at the Tel Aviv Grand Slam Judo Championship in Tel Aviv on February 16, 2023. (Photo by JACK GUEZ / AFP)

Entre les tatamis et l’hôpital, Blandine Pont jongle avec deux vies parallèles. Médaillée internationale et désormais engagée dans la catégorie des moins de 52 kilos, elle assume un rythme effréné, partagé entre cinq à six heures d’entraînement quotidien et ses études de médecine dentaire. Athlète déterminée, Blandine Pont raconte, au micro de Sud Radio, son rêve de décrocher l’or olympique avant d’ouvrir son propre cabinet en chirurgie dentaire.

Vous revenez de l’Open de Prague avec une médaille d’or, dans une nouvelle catégorie (-52kg). Vous ressortez plus forte mentalement après huit mois d’absence dus à une rupture des ligaments croisés ?

Forcément, quand on passe par une blessure comme les ligaments croisés, ça nous renforce d’une certaine manière. Après, c’est important de pouvoir l’exprimer sur le tatami, ce que j’ai fait ce week-end. Ça fait du bien.

Vous venez de passer des moins de 48 kg aux moins de 52 kg, une catégorie très fournie en équipe de France. Ferez-vous le poids dans les deux sens du terme pour les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 ?

Au sens propre, oui, c’est une certitude. Au sens figuré, j’y travaille tous les jours. Donc oui, dans mon cœur et dans ma tête, je l’espère.

Les -52 kg, c’est plus confortable pour vous que les -48 kg ?

Oui. En -48 kg, je m’étais lancée le défi de faire les JO dans cette catégorie car il n’y avait pas de Française installée. Mais mon poids était déjà assez haut. Sur la fin, je perdais environ 6 kg, c’était lourd et éprouvant pour le corps. J’ai donc choisi de monter en -52kg , qu’importe qui j’ai en face de moi, c’était mon choix et je l’assume.

"Deux entraînements quotidiens, environ cinq à six heures par jour"

À 26 ans, vous poursuivez vos études de médecine : êtes-vous autant concentrée sur vos études de médecine que sur le judo ?

Oui, je suis sur la fin de mes études. La 6e année, c’est du travail hospitalier, de la pratique et la thèse, donc moins de révisions. Je suis un peu plus dans le judo maintenant, avec l’envie de concrétiser mon travail sur cette Olympiade. Je vais terminer mes études en 2027, faire les Jeux Olympiques en 2028, je l’espère, puis lancer mon cabinet en 2028 ou 2029. Plutôt en Italie, car mon conjoint est italien. Ce serait une pratique libérale et hospitalière pour diversifier mes compétences et mes possibilités.

Votre installation se ferait en Italie, dans la région de Turin, qui est une ville plutôt très dynamique.

Tout à fait, le nord de l'Italie, globalement, est assez actif. Donc, il y a, je pense, de quoi développer sa clientèle. De toute façon, c'est un métier où il y a toujours du besoin. Maintenant, c'est comment on s'installe, qu'est-ce qu'on veut faire, dans quelle spécialité on veut s'investir et aussi où à Turin. Après, je ne suis pas encore spécialiste de Turin. J'espère le devenir un peu plus dans les années à venir. J'étudie un peu le marché. Mon conjoint m'aidera. Mon père aussi a une bonne visibilité sur tout ça. Donc, je vais me faire accompagner pour faire les bons choix au bon moment.

Vous parlez italien ?

Oui, ça va. Bien en italien, après il faut apprendre les termes spécifiques à l'odontologie. Mais oui, ça va.

"J'ai toujours eu besoin d'avoir un équilibre en dehors du sport"

Comment vous organisez-vous entre vos deux activités ?

Je suis entrée dans ma 9e rentrée post-bac. C’est long, on ne va pas se le cacher, mais ça me permet de faire mes deux entraînements quotidiens, environ cinq à six heures par jour. Je travaille à l’hôpital entre les entraînements et les révisions, le soir ou le week-end.

Vous êtes aussi très impliquée dans l’INSEP Alumni, où vous avez un rôle au comité directeur. De quoi s'agit-il exactement ?

Il ne faut pas se mettre dans une case. J’aime m’ouvrir à différents univers, je suis curieuse. Avec le club INSEP Alumni, on travaille beaucoup sur l’accompagnement des athlètes. J’ai aussi une association pour améliorer les conditions du double projet. Je fais aussi un peu d’art, je fais des tapis artistiques, ça s’appelle du tuftage. Ce sont des créations artistiques tissées, que l’on peut aussi accrocher au mur.

"J'ai aussi envie qu'on me connaisse sous cette autre casquette"

Vos concurrentes en équipe de France n’ont pas autant d’activités que vous. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?

Non. Écoutez, chacun a son chemin, chacun a sa personnalité. Moi, c'est vrai que j'ai toujours eu besoin d'avoir un équilibre en dehors du sport et c'est ce qui me permet aussi d'être performante sur le tapis.

Pour lancer au mieux votre activité, il faut créer ce qu'on appelle le "personal branding", c'est-à-dire créer son personnage, un contenu de marque autour de son personnage : vous y pensez ?

C'est vrai que c'est quelque chose qui doit se faire progressivement. Les gens me connaissent maintenant sous mon statut d'athlète. Et progressivement, je vais changer d'univers. Et j'ai aussi envie qu'on me connaisse sous cette autre casquette. Donc c'est un bon moyen, les réseaux sociaux, pour développer et se faire connaître dans ce milieu au travers de mes résultats sportifs. Donc, c'est un peu aussi ce à quoi j'avais pensé pour la suite.

"Être moi, l'initiative de ce projet"

En vue des JO 2028 et de votre carrière médicale, comment voyez-vous les prochaines années ?

En sixième année, c’est la dernière, je dois faire beaucoup de pratique et passer ma thèse. Je vais dédoubler mes années pour concilier sport et études. Si tout se passe bien, je serai chirurgien-dentiste en 2027, un an avant les JO. Je garderai une activité d’un jour ou un jour et demi par semaine pour garder la main car c’est très manuel.

L'idéal, c'est de dire, la championne olympique française s'installe et elle est chirurgien-dentiste ?

L'idéal ce ne serait pas d'être seule, de travailler avec des collaborateurs, de monter un cabinet où il y a d'autres praticiens qui puissent aussi pratiquer et avoir leur clientèle. Mais être moi, l'initiative de ce projet.

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