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Sur la route des Jeux: "sans sponsor, il n'y a pas de sport de haut niveau"

"Avec ou sans sponsor, ce n'est pas la même vie", confie Héloïse Courvoisier. La para-triathlète de 26 ans, kinésithérapeute de profession, se consacre aujourd'hui à 100% à son entraînement. Son objectif: une qualification aux Jeux paralympiques de Paris.

FRANCK FIFE - AFP/Archives

"Avec ou sans sponsor, ce n'est pas la même vie", confie Héloïse Courvoisier. La para-triathlète de 26 ans, kinésithérapeute de profession, se consacre aujourd'hui à 100% à son entraînement. Son objectif: une qualification aux Jeux paralympiques de Paris.

"Ne pas avoir à faire autre chose, à penser à l'argent surtout, ça libère l'esprit et du coup ça favorise la performance et la compétitivité", explique Héloïse Courvoisier. Jusqu'aux Jeux paralympiques de Paris, du 28 août au 8 septembre 2024, cette sportive malvoyante de naissance relate son parcours à l'AFP.

Depuis septembre, elle est en pause professionnellement, grâce à une convention réservée aux sportifs de haut niveau qui lui permet de toucher son salaire, mais aussi avec l'aide des sponsors et mécènes. "Quand je travaillais à temps plein, je m'entraînais moins, forcément. J'y allais vers 7h, avant le travail, et le soir en rentrant vers 19h. C'est très fatiguant et on a du mal à récupérer", décrit la para-athlète parisienne.

Pour une para-athlète de son niveau, les dépenses s'additionnent à un rythme effréné, entre les déplacements pour les compétitions et les stages et le matériel. Pour cette saison olympique, Héloïse Courvoisier estime son budget entre 60 et 70.000 euros.

- Vélo à 16.000 euros -

"Pour nous, en triathlon, le vélo c'est le gros budget: 16.000 euros environ. Ça ne fait pas toute la performance bien sûr mais si les concurrents ont un tandem en carbone et que nous en avons un en +alu+, on est moins compétitif, c'est évident!", analyse la sportive, qui doit aussi régler les dépenses de sa guide, Anne Henriet.

"Il faut comprendre qu'on ne touche pas de prime quand on remporte une course. Ça n'a rien à voir avec le traitement des valides", rappelle la tri-athlète.

La para-triathlète Héloïse Courvoisier s'entraîne pour les JO, le 3 mai 2023 à Boulogne-Billancourt, près de Paris

La para-triathlète Héloïse Courvoisier s'entraîne pour les JO, le 3 mai 2023 à Boulogne-Billancourt, près de Paris

FRANCK FIFE - AFP/Archives

Pour financer sa saison, Héloïse peut compter sur différents soutiens: des associations liées au handicap visuel, son employeur, son club (le Racing Multi-Athlon de Paris), la région et la ville mais aussi des sponsors, notamment via le pacte de performance de la Fondation du Sport français.

Ces entreprises accompagnent des sportifs de haut niveau en échange d'une défiscalisation à hauteur de 66%: "Tout le monde est gagnant", souligne la para-athlète.

Ce que confirme Magali Tézenas du Montcel, directrice de Sporsora, une association qui regroupe les acteurs économiques du sport. "Une marque partenaire des Jeux olympiques et paralympiques est considérée comme plus sympathique par les Français et le public va être plus intéressé par ses produits", dit-elle à l'AFP.

- "Tout le monde est gagnant" -

Selon cette dirigeante, le sponsoring de para-athlètes est également recherché, notamment avec des Jeux à domicile: "On demande de plus en plus aux marques d'être utiles pour la société, d'être responsables. Soutenir un sportif handicapé, c'est montrer son engagement sur le sujet du handicap".

La para-triathlète Héloïse Courvoisier s'entraîne pour les JO, le 3 mai 2023 à Boulogne-Billancourt, près de Paris

La para-triathlète Héloïse Courvoisier s'entraîne pour les JO, le 3 mai 2023 à Boulogne-Billancourt, près de Paris

FRANCK FIFE - AFP/Archives

"Les Jeux à Paris révolutionnent indéniablement la place des athlètes paralympiques dans l’écosystème français et notamment au niveau du sponsoring", pointe de son côté Elie Patrigeon, directeur général du Comité paralympique et sportif français. "Il est impensable aujourd'hui qu’une entreprise s’investisse sur les Jeux et pas sur les Paralympiques".

Mais tous les para-athlètes ne sont pas logés à la même enseigne, rappelle Héloïse Courvoisier. "Beaucoup de critères entrent en jeu comme pour les sports valides. Certaines disciplines sont plus avantagées que d'autres, plus +sexy, plus médiatisées et donc ça donne aussi plus de visibilité à la marque", estime-t-elle.

A moins de cinq mois des Jeux paralympiques, certains para-athlètes n'ont pas bouclé leur budget et lancent en dernier recours des cagnottes en ligne, faisant appel à la générosité de leurs proches ou de parfaits inconnus pour financer leur saison. "Je comprends complètement cette démarche", confie Héloïse Courvoisier. "Ça me paraît normal d'aller trouver des financements par tous les moyens quand on galère et qu'on rêve des Jeux".

Par Celine BRUNEAU / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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