Auteur d'un superbe chrono et d'une course maîtrisée, Yohann Ndoye-Brouard a décroché la première médaille mondiale de sa carrière en se parant de bronze en finale du 100 m dos, mardi à Singapour.
Seulement septième à mi-course, le Français, engagé à la ligne d'eau N.1, ne s'est pas affolé, produisant un retour impressionnant pour s'imposer en 51 sec 92, record de France et personnel pulvérisé.
"C'est énorme! C'est toujours dur, les courses où il faut rester calme", a réagi Ndoye-Brouard, qui avait terminé 7e de la finale des JO l'an dernier.
"Je savais que ça pouvait passer, mais je pouvais aussi finir au pied du podium. Ma stratégie, c'était de laisser partir les autres et d'accélérer ensuite. Je l'ai fait!", a-t-il ajouté au terme d'une course de haut niveau, où trois nageurs sont descendus sous les 52 secondes.
"J'ai regardé le plot, j'ai vu qu'il était allumé, et c'était fou. Je suis content, parce que j'ai vraiment beaucoup bossé."
Plusieurs fois finaliste dans les grandes compétitions internationales, il décroche à 24 ans la première médaille mondiale de sa carrière, trois ans après son titre européen sur 200 m dos.
- Record de France -
"Je ne suis pas surpris de ce qu'il est capable de faire", a réagi le DTN de la natation française Denis Auguin. "Ce n'est pas faute de lui répéter. Il faut le pousser un peu parfois aussi, mais honnêtement, depuis quelques mois, on voit les choses qui se mettent en place. Globalement, dans tout ce qu'il fait, on voit qu'il est dedans."
Car depuis les Jeux, le Français, qui a pu parfois être pénalisé par une dispersion naturelle, s'est canalisé. "Physiquement, il est affûté, et je le trouve plus posé par rapport à d'habitude", a poursuivi Auguin. "J'entends moins son nom à l'entraînement, ce qui est plutôt bon signe!"

La nageuse américaine Katie Ledecky participe à la finale du 1500 m nage libre féminin lors des Championnats du monde de natation à Singapour, le 29 juillet 2025
Manan VATSYAYANA - AFP
Au passage, Ndoye-Brouard efface l'ancien record de France de Camille Lacourt (52 sec 11). "Je suis très content de le perdre dans ces conditions", a réagi le champion du monde 2011, présent à Singapour en tant que consultant pour France TV. "Il faudra encore qu'il gagne de la vitesse pour aller chercher des titres, mais bravo à lui. C'est un temps qui a mon époque était inenvisageable, cela montre l'évolution de la natation mondiale."
Il s'agit de la deuxième médaille de la semaine pour la délégation française, après l'or remporté par Maxime Grousset lundi en finale du 50 m papillon, et avant l'entrée en lice de Léon Marchand mercredi sur le 200 m quatre nages.
Le titre est revenu au Sud-Africain Pieter Coetze (51 sec 85) devant l'Italien Thomas Ceccon, champion olympique de l'épreuve l'an dernier à Paris et détenteur du record du monde (51 sec 90).
- Un "coup à jouer" en relais -
A Singapour, le Français sera également engagé sur 200 m dos, ainsi que sur le relais 4x100 m quatre nages. "Maxime est en super forme, moi aussi. Il y a clairement un coup à jouer", a prévenu Ndoye-Brouard.

La Française Anastasiia Kirpichnikova lors de la finale du 1500 m nage libre, aux Championnats du monde à Singapour, le 29 juillet 2025
Oli SCARFF - AFP
La troisième soirée de compétition a également été marquée par la victoire de Katie Ledecky en finale du 1500 m nage libre. L'Américaine a décroché son sixième titre mondial de l'épreuve en signant un nouveau chrono étourdissant: 15 min 26 sec 44, soit la cinquième meilleure performance de l'histoire.
Vice-championne olympique à Paris l'an dernier, la Française Anastasiia Kirpichnikova a pris la cinquième place. A l'issue de sa course, elle a indiqué être incertaine pour le 800 m nage libre dont les séries auront lieu vendredi.
Les deux autres Françaises en lice en finale mardi, Pauline Mahieu et Mary-Ambre Moluh, n'ont pas réussi à se hisser sur le podium, terminant respectivement 6e et 8e du 100 m dos. Antoine Viquerat a lui échoué aux portes de la finale du 50 m brasse.
Par Diane FALCONER et François d'ASTIER / Singapour (AFP) / © 2025 AFP