Cent quatre jours après son sacre à l'Open d'Australie, le N.1 mondial Jannik Sinner retrouve la compétition samedi à Rome, "libéré" maintenant que l'affaire de dopage au clostebol est derrière lui, mais, a-t-il prévenu, pas encore prêt pour l'instant pour "battre tout le monde".
Les trois mois passés loin du circuit pour purger une suspension qui a tant fait débat, n'ont pas éteint la Sinnermania. S'il avait des doutes, il a vite été rassuré et reste bien le héros du sport italien.
Son premier entraînement au Foro Italico lundi a ainsi été suivi sur le Central par 5.000 spectateurs qui, pendant 90 minutes, lui ont crié et montré leur amour.
Ce qui l'a parfois fait sourire lors de ses échanges avec le Tchèque Jiri Lehecka et lui a valu, après coup, de signer des autographes pendant un bon quart d'heure.

L'Italien Jannik Sinner lors d'une séance d'entraînement avec l'Américain Taylor Fritz avant le Masters 1000 de Rome le 7 mai 2025
PIERO CRUCIATTI - AFP
Avant son premier match face à l'Argentin Mariano Navone (99e), Sinner, 23 ans, a organisé son retour à la compétition comme il mène sa carrière: avec rigueur, dans le calme (autant que possible) et en donnant toujours la priorité à son tennis.
- Karting, vélo et ampoules -
Il s'est d'abord débarrassé des obligations médiatiques lundi avec notamment une conférence de presse où il s'est dit "reposé", "serein" et "libéré après une année très difficile", tout en prévenant qu'il n'avait "pas vraiment beaucoup d'attentes" pour son tournoi de reprise.
"Mon objectif, c'est Roland-Garros, je suis ici pour voir où j'en suis, pour essayer de passer mon premier tour, pas pour battre tout le monde", a-t-il insisté.
Et depuis, il enchaîne les entraînements à haute intensité contre des cadors du circuit, l'Américain Taylor Fritz et le Norvégien Casper Ruud, à chaque fois devant une foule de spectateurs, souvent jeunes, survoltés.

L'Italien Jannik Sinner à l'entraînement avant le Masters 1000 de Rome le 7 mai 2025
PIERO CRUCIATTI - AFP
S'il a pu travailler sa condition physique pendant sa pause forcée, Sinner, à l'entendre, repart de bas au niveau de son tennis.
Il n'a pas touché une raquette pendant le premier mois et s'est vidé la tête en skiant, le sport de son enfance dans les montagnes du Haut-Adige, en assistant à des défilés de mode ou en passant du temps sur une piste de karting ou à vélo avec ses grands amis, les pilotes automobiles Antonio Giovinazzi et Alessandro Pier Guidi, et le coureur cycliste Giulio Ciccone.
Et quand il repris sa raquette, il a eu, comme tout joueur du dimanche, des ampoules.
- Deux tournois en cinq mois -
Il a beau dominer le classement mondial depuis quasiment un an et avoir remporté 19 titres, dont trois du Grand Chelem, Sinner va devoir relever un sacré défi, préviennent ses entraîneurs: retrouver le rythme de la compétition et ses automatismes.

L'Italien Jannik Sinner signe des autographes après un entraînement le 5 mars 2025
Tiziana FABI - AFP
"Sur les cinq derniers mois, il n'a disputé que deux tournois, les Masters ATP et l'Open d'Australie", rappelle à un petit groupe de journalistes Simone Vagnozzi qui l'entraîne avec l'Australien Darren Cahill.
"C'est un défi plus mental que physique ou technique. Quand on est sur le circuit et qu'on enchaîne les matches, on entre sur le court sans trop réfléchir. Là, il va disputer son premier match en se disant +il faut que je fasse ci ou ça+", poursuit l'entraîneur italien.
"Ce qui se passe dans un match, la pression, la tension, l'activation cérébrale qu'on a sur le court, cela ne se simule pas à l'entraînement", renchérit Riccardo Ceccarelli qui travaille avec Sinner pour sa préparation mentale.
"Ce qui va être le plus difficile pour lui, ce sont les premiers matches qui vont lui servir d'entraînement pour retrouver ses automatismes", poursuit ce médecin qui s'est fait un nom en s'occupant de pilotes de Formule 1.
Ce qui ne semble pas avoir changé, c'est la personnalité du N.1 mondial: "Je suis juste un mec de 23 ans, très simple, qui joue bien au tennis, je ne change pas le cours du monde", a-t-il assuré.
Par Jérôme RASETTI / Rome (AFP) / © 2025 AFP